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Plus de 150 réfugiés se noient au large de l'île de Lampeduza

Une embarcation en provenance du port libyen de Zouara chavire.

07 avr. 2011, 09:44

Exténués, enveloppés de grandes couvertures thermiques jaunes, 47 rescapés, tous Africains, descendent un à un de la vedette des gardes-côtes italiens. Certains sont emmenés sur des civières et aussitôt conduits au poste de secours.

Le naufrage s'est produit vers 5h du matin, à environ 40 milles de Lampedusa, dans une zone placée sous juridiction maltaise. Le bilan est tragique: au moins 150 morts, sinon plus. Un hélicoptère italien a repéré des dizaines de cadavres en mer, dont ceux d'un grand nombre de femmes et d'enfants. Une vingtaine de corps ont pu être récupérés. Plusieurs vedettes italiennes et maltaises accourues sur place ont poursuivi les recherches toute la journée, sans grand espoir de retrouver d'autres rescapés.

Selon le témoignage d'un survivant, plus de 300 personnes, Erythréens et Somaliens pour la plupart, étaient parties du port libyen de Zouara (60 km de la frontière tunisienne) quatre jours auparavant. Dans la nuit, l'embarcation de 9 m de long a été prise dans une mer démontée, avec des vagues de 3 m et des rafales de 30 nœuds. A 4h30 du matin, un garde-côtes italien s'est approché, mais la panique qui régnait à bord a entravé les opérations de secours. Une demi-heure plus tard, l'embarcation se cassait en deux et coulait à pic, précipitant ses passagers à la mer.

Ce drame, le plus grave de ce nouveau flux migratoire, survient alors que les débarquements ont repris à Lampedusa. Quelque 354 Tunisiens sont arrivés dans la nuit, après une traversée exténuante. Ils sont à nouveau 1500 dans l'île, qui avait pourtant été complètement vidée de ses 6200 immigrés lundi dernier.

Apres négociations

Après deux jours d'âpres négociations, la Tunisie se serait toutefois engagée à freiner ces flux et à reprendre les nouveaux arrivants, à raison de 800 par semaine, par petits groupes. C'est très insuffisant face aux débarquements massifs qui ont eu lieu depuis le début de l'année. Mais Marco Reguzzoni, chef du groupe de la Ligue du Nord à la Chambre des députés, veut croire que cela sera «suffisamment dissuasif».

Le gouvernement italien doit signer incessamment le décret controversé octroyant un permis de séjour provisoire aux quelque 22 000 clandestins tunisiens arrivés sur le territoire et qui ont transité par Lampedusa depuis janvier. Officiellement, il s'agit de faciliter les regroupements familiaux. En réalité c'est un expédient pour encourager ces immigrés à quitter la Péninsule au plus vite pour gagner d'autres pays européens, la France en premier lieu.

Demain en Italie, Claude Guéant en discutera avec Roberto Maroni. Le ministre français de l'Intérieur aura l'occasion de dire à son homologue italien que la France assimile ce décret à une régularisation massive de l'immigration clandestine, en principe interdite par le traité de Schengen. Ce sujet constituera aussi le temps fort du sommet que Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi auront le 26 avril à Rome, en présence de cinq ou six ministres de chaque pays.

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