Depuis plus de deux ans, environ 900 000 réfugiés rohingyas végètent dans des camps surpeuplés au sud du Bangladesh. Les trois quarts d’entre eux ont fui la répression de l’armée birmane en août 2017, les autres avaient déjà passé la frontière auparavant pour échapper aux persécutions menées chroniquement contre les musulmans dans l’Etat birman de Rakhine, anciennement appelé Arakan.
Cet exode n’est que le dernier d’une longue série de migrations de masse d’une minorité ethnique ballottée, depuis des siècles, le long des côtes du golfe du Bengale, au gré des déportations forcées, des conflits coloniaux et des violences interethniques.
Esclaves des rizières
Groupe ethnique de langue indo-européenne, vraisemblablement originaire du Bengale, les Rohingyas seraient présents en Arakan depuis le 15e siècle au moins. Selon l’historien Antoine Sfeir, auteur d’une «Histoire de la Birmanie»*, les premiers musulmans à s’installer dans la région furent les guerriers que le sultan du Bengale...