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Des fissures minent le parti Baas

Plus de 230 militants ont démissionné pour protester contre la répression, en signe de solidarité avec la population. Mais les cadres restent fidèles à Bachar el-Assad.

29 avr. 2011, 12:14

En signe de solidarité avec la population réprimée par les forces de sécurité, plus de 230 membres du Baas, le parti unique au pouvoir en Syrie, ont démissionné ces derniers jours. «Ce ne sont pas des responsables du parti, mais de simples militants qui habitent dans les régions les plus durement frappées par la répression», souligne un expert de la vie politique syrienne.

A Deraa, berceau d'une contestation sans précédent contre le régime de Bachar el-Assad, 203 membres du Baas ont rendu leur tablier pour protester contre les 120 morts tombés sous les balles de l'appareil sécuritaire dans cette ville depuis le début de la révolte, il y a six semaines. «Les baasistes qui démissionnent sont les voisins des victimes, leurs amis, parfois même ce sont des parents. Leur position est devenue intenable», analyse l'expert. A Baniyas, une trentaine de membres du Baas démissionnaires ont justifié leur geste par «les pratiques des services de sécurité qui ont démoli les valeurs sur lesquelles nous avons grandi». Ils stigmatisent «les perquisitions dans les maisons, les tirs à balles réelles sans discrimination sur les gens, les maisons, les mosquées et les églises».

Toutefois, ces premières fissures n'indiquent pas qu'une hémorragie est en cours dans les principaux organes du pouvoir. Pour l'instant, un seul responsable du Baas, basé en Ukraine - en charge probablement de la surveillance des Syriens sur place - a rendu sa carte du parti. «Mais si la répression se poursuit, d'autres retraits suivront», anticipe la source.

Appel à l'armée

Sur le terrain, le vieux parti Baas, au pouvoir depuis 1963, n'est souvent qu'un prolongement des services de sécurité. Même si Bachar el-Assad s'est parfois plaint de son obstruction à ses timides tentatives d'ouverture, aujourd'hui, le raïs n'hésite pas à faire appel à certains de ses membres pour qu'ils épaulent les miliciens en première ligne contre les protestataires.

Outre les militants du Baas, les rares défections ont touché deux députés de Deraa, ainsi que le mufti de cette ville du sud de la Syrie. Là encore, les risques de contagion sont limités par les contrefeux mis en place par le régime. A Duma par exemple, cet autre foyer de la contestation près de Damas, la représentation parlementaire est assurée par des fidèles du pouvoir. Sous l'effet de la violence de la répression, quelques lézardes sont également apparues dans l'armée. Plusieurs officiers ont été exécutés pour avoir refusé de tirer sur des manifestants, notamment à Homs. «L'armée est la seule institution à même de conduire le changement», soulignent quelque 150 opposants, qui mettent en demeure Bachar el-Assad de mener de véritables réformes, sous peine d'être renversé par «une révolution». Moins mêlée aux basses œuvres du régime que le reste de l'appareil sécuritaire, l'armée est composée essentiellement de sunnites, qui attendent avant de se prononcer.

Au sommet de l'Etat, dominé par la minorité alaouite, le pouvoir semble également faire bloc, malgré quelques gestes de mauvaise humeur exprimés çà et là par certains de ses cadres. Au début de la crise, le vice-président, Farouk al-Sharaa, s'est attiré les foudres de Maher, le frère du président, pour avoir critiqué devant Bachar el-Assad la répression à Deraa. Fayçal Meqdad, le vice-ministre des Affaires étrangères, aurait refusé, de son côté, le poste de ministre de l'Information, qui lui était offert dans le nouveau gouvernement. L'un comme l'autre sont sunnites et originaires de la région de Deraa.

 

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