Elle avait quitté Crans-Montana dans un anonymat quasi total. Une année plus tard, elle retrouve la station du Valais central en pleine lumière. Championne du monde de descente à Méribel il y a deux semaines, Jasmine Flury a vu sa vie être bouleversée.

«Je ne sais pas ce que ça va changer dans ma vie. Ce qui est certain par contre, c’est que personne ne pourra m’enlever ce titre», confie la Grisonne dans l’hôtel à proximité des Violettes où réside l’équipe de Suisse.

Quinze jours après son majestueux triomphe, Jasmine Flury peine encore à réaliser ce qui lui est arrivé en cette mi-février sur le Roc de Fer, où elle s’est montrée plus solide que toutes ses contradictrices. «J’en ai davantage conscience qu’il y a une semaine. Mais pas encore tout à fait. Ce jour-là, j’ai pu réaliser un rêve», reprend celle pour qui le rythme quotidien a redoublé d’intensité depuis. «L’intérêt médiatique a été énorme. Je n’étais pas vraiment habituée à cela. Je n’ai pas non plus pu répondre à tous les messages de félicitations, sur les réseaux sociaux notamment, ni faire tranquillement mes courses à la Migros. Les gens m’ont demandé de prendre une photo avec eux», rigole Jasmine Flury.

De l’ombre à la lumière

Celle qui se définit comme timide de nature a pourtant dû s’y habituer. «Répondre aux médias fait partie du job, j’ai dû apprendre à le faire. Mais c’est vrai que je n’aime pas me mettre en avant. Je n’aime pas me retrouver au centre. C’est peut-être ça la principale différence entre l’avant et l’après médaille d’or. Mais je dois passer par là, pour mes sponsors aussi», relève-t-elle.

Au cours des derniers jours, elle s’est pourtant retrouvée au cœur de l’attention. Si elle a pu profiter de rencontrer son neveu, né quelques heures après avoir décroché l’or mondial, elle a aussi eu droit à une réception dans son village natal de Monstein, a donné le coup d’envoi d’un match de hockey à Davos, où elle a été accueillie en héroïne, ou s’est encore retrouvée sur le plateau de l’émission sportive dominicale suisse alémanique phare.

Je n’aime pas me retrouver au cœur de l’attention. J’ai dû m’y habituer.

Jasmine Flury, championne du monde de descente

Autant dire que Jasmine Flury n’a pas trop eu le temps de recharger ses batteries. «Je me suis retrouvée deux jours à la maison mais depuis dimanche, je suis déjà ici à Crans-Montana avec toute l’équipe. J’aurais bien aimé avoir quelques heures de sommeil en plus.»

Le contraste absolu

Nouvelle championne du monde, Jasmine Flury assure ne pas ressentir de nouvelles attentes. «Pas pour le moment, non. On verra quand on quittera le portillon de départ ce week-end», reprend-elle en rigolant. «Mais la situation est incomparable à celle de Méribel. Là-bas, tout a vraiment joué en ma faveur. La piste est aussi différente. Les conditions en France me convenaient à merveille, alors que je me sens peut-être moins à l’aise sur des pistes salées comme ce sera le cas ici. Je vais malgré tout essayer de livrer la performance la plus aboutie possible. Si ça marche, tant mieux, et si ça ne fonctionne pas, je serai tout de même heureuse si j’ai présenté mon meilleur ski.»

Revivre des Mondiaux à domicile, à Crans-Montana en 2027, serait incroyable.

Jasmine Flury

A Crans-Montana, Jasmine Flury retrouve une piste qu’elle a découverte en 2017. «J’y ai de bons et moins bons souvenirs. Une année, alors que j’étais parfaitement dans le rythme, j’avais chuté. Mais j’ai aussi terminé à deux reprises dans le top 10», note encore la Grisonne, qui avait signé un 5e rang sur l’exigeante piste du Mont-Lachaux notamment. «Depuis ces courses, j’ai aussi changé de matériel. On verra ce qui se passera ce week-end.»

Crans-Montana, c’est là aussi que Jasmine Flury pourrait se retrouver en piste dans quatre ans. Alors âgée de 33 ans, elle pourrait viser une nouvelle médaille d’or. «Des Mondiaux à domicile, c’est incroyable. J’avais eu la chance de vivre ceux de Saint-Moritz en 2017. Jamais je n’avais ressenti de telles émotions. Ce serait magnifique de revivre une telle expérience. Mais je n’ai pas encore réfléchi si loin. L’important, avant tout, sera de rester en bonne santé d’ici là», conclut celle qui n’a pas été épargnée par les blessures avant de devenir reine de la discipline reine.

Ski alpin: la Suissesse Jasmine Flury forfait pour les courses de Val di Fassa

La Grisonne souffre du genou droit depuis la descente de Crans-Montana samedi dernier.