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Nestlé: les dirigeants de la multinationale contestent tout harcèlement sur une ex-cadre

Mercredi devant le Tribunal d'arrondissement de Lausanne, les dirigeants de Nestlé ont réfuté les accusations de mobbing lancées par Yasmine Motarjemi, une ex-cadre. Au-delà du harcèlement, elle reproche aussi à Nestlé son "laxisme" et son "double langage" en matière de sécurité alimentaire. Le procès se poursuivra le 2 février.

16 déc. 2015, 19:35
Yasmine Motarjemi réclame un franc symbolique, plus le paiement de 2,1 millions de francs pour ses frais et la perte de gain.

Les dirigeants de Nestlé, le patron Paul Bulcke en tête, se sont succédé mercredi devant le Tribunal d'arrondissement de Lausanne. Ils ont réfuté catégoriquement les accusations de mobbing lancées par Yasmine Motarjemi, une ex-cadre de l'entreprise co-responsable de la sécurité alimentaire.

Pas de harcèlement, juste un conflit de personnes entre la plaignante et son chef direct de l'époque: le haut management de Nestlé a tenu le même discours mercredi après-midi devant la Chambre patrimoniale cantonale. L'audience a duré plus de quatre heures trente.

Le différend avec Yasmine Motarjemi a été examiné "sérieusement", a affirmé le CEO de Nestlé. La multinationale veveysanne a mandaté une entreprise spécialisée qui a conclu qu'il n'y avait pas de dysfonctionnement. "Nous avons cherché des alternatives. Cela n'a pas marché. A un moment, il a fallu se séparer", a-t-il dit.

Refuse un transfert

"Mme Motarjemi ne cherchait pas de solution", a estimé Jean-Marc Duvoisin, ex-chef des ressources humaines et actuel patron de Nespresso. Elle a refusé un transfert à responsabilités égales au centre de recherche de Nestlé et, après une séance, a refusé de participer à l'audit qui a conclu à l'absence de harcèlement.

A ses yeux, la plaignante manquait de flexibilité, était intransigeante et avait l'assurance d'avoir toujours raison. Son supérieur direct n'a pas cherché à l'éjecter de l'entreprise, et encore moins à la pousser au suicide. "C'est absurde et inacceptable de dire cela", a relevé l'ancien chef des ressources humaines.

"Il y a toujours eu un dialogue ouvert. Elle a été écoutée. C'est la personne que j'ai le plus souvent vu au cours de cette période", a expliqué M. Duvoisin.

"S'il n'y a pas eu de harcèlement, pourquoi la recevoir aussi souvent", a lancé Me Bernard Katz, avocat de la plaignante. Yasmine Motarjemi, qui a été longuement entendue par la Cour le 1er décembre, ne pouvait intervenir mercredi. "C'étaient des propositions de placards. On me donnait la responsabilité d'écrire des procès-verbaux", a-t-elle répliqué lors d'une suspension d'audience.

Sécurité des produits

Devant la Cour, Paul Bulcke, qui a été entendu pendant 45 minutes, a insisté sur le fait que Nestlé ne tient pas un double langage en matière de sécurité alimentaire. "La qualité de nos produits est quelque chose de pas négociable. De 5000 à 6000 personnes sont chargées des contrôles et 340'000 personnes y travaillent dans le monde. Il faut le dire, c'est aussi pour cela que je suis ici".

Engagée en 2000, débauchée par Nestlé auprès de l'OMS, Yasmine Motarjemi reproche à son supérieur hiérarchique, arrivé en 2006, de n'avoir eu de cesse de la discréditer et de la marginaliser sur son lieu de travail. Licenciée en 2010, elle se dit "détruite mentalement et moralement" et n'a pas retrouvé de travail.

Au-delà du mobbing, elle reproche à Nestlé son "laxisme" et son "double langage" en matière de sécurité alimentaire. Elle réclame un franc symbolique, plus le paiement de 2,1 millions de francs pour ses frais et la perte de gain.

Entre passes d'armes et sourires

L'audience a donné lieu à quelques passes d'armes entre les avocats des parties. Mais elle a aussi été émaillée d'incidents qui ont fait sourire, comme lorsqu'un employé a fait irruption par erreur dans la salle ou que la radio d'un des policiers présents dans la salle a retenti, interrompant l'audition de M. Bulcke.

Le procès se poursuivra en 2016, la prochaine audience est agendée le 2 février. Des plaidoiries finales sont prévues en fin de procédure, à moins que les parties n'aient transigé dans l'intervalle.

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