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Le président des Maldives démissionne à cause de policiers mutins

Le premier chef d'Etat démocratiquement élu dans l'archipel des Maldives, Mohamed Nasheed, a démissionné après des semaines de troubles politiques qui ont abouti mardi à une mutinerie de policiers. La présidence a dénoncé une tentative de coup d'Etat.

07 févr. 2012, 15:39
nasheed

 Le premier chef d'Etat démocratiquement élu dans l'archipel des Maldives, Mohamed Nasheed, a démissionné après des semaines de troubles politiques qui ont abouti mardi à une mutinerie de policiers. La présidence a dénoncé une tentative de coup d'Etat.

«Ce sera mieux pour le pays dans la situation actuelle si je démissionne. Je ne veux pas diriger le pays d'une main de fer. Je démissionne», a déclaré le président lors d'une conférence de presse télévisée.

Le vice-président, Mohamed Waheed, a été investi peu après chef d'Etat, un rôle qu'il endossera jusqu'en novembre 2013, date de la fin du mandat du président démissionnaire.

Des policiers rebelles se sont joints à des manifestations d'opposants qui affectent depuis trois semaine la capitale, Malé. Ils ont pris un peu plus tard le contrôle de la télévision d'Etat et ont commencé à diffuser une chaîne d'opposition.

La décision de démissionner semble avoir été prise par le président après avoir perdu le soutien de l'armée qui, selon son  porte-parole, le colonel Abdul Raheem Adbul Latheef, lui a conseillé de quitter le pouvoir. «De sa propre initiative, le président s'est  rendu au siège de l'armée pour demander conseil (...) et savoir s'il devait démissionner. Il a reçu le message», a commenté ce porte-parole.

Une source au sein de la présidence a qualifié la mutinerie de policiers de «tentative de coup d'Etat» fomenté par l'ancien président, Maumoon Abdul Gayoom. Mohamed Nasheed l'avait délogé du pouvoir lors des premières élections présidentielles démocratiques en 2008. Mais l'armée a démenti qu'un coup d'Etat se soit produit dans l'archipel de 300'000 musulmans sunnites. «Ce n'est pas un coup d'Etat. Absolument pas», a affirmé le porte-parole de l'armée par téléphone depuis Malé.

Les manifestants réclamaient la tête du président depuis qu'il  avait ordonné l'arrestation le mois dernier du président de la Cour  d'assises, accusé par le pouvoir de mauvaise conduite et d'avoir  favorisé des figures de l'opposition. Un dirigeant d'un parti  d'opposition, le Dhivehi Quamee Party, a affirmé avoir demandé à  l'armée d'arrêter Mohamed Nasheed.

«Son mandat a été entaché de népotisme et de corruption et il a souvent violé la Constitution», a jugé Hassan Saeed, qui l'accuse aussi d'être sous la coupe des juifs et des chrétiens.

L'armée affirme que M. Nasheed se trouvait à sa résidence, libre.

Appel au calme

Dans un communiqué mis en ligne sur le site internet du  président, le gouvernement a assuré vouloir travailler, «au côté de  toutes les institutions étatiques, à assurer la paix et la stabilité  à Malé». «Le gouvernement des Maldives appelle au soutien et au  calme de la population pour stabiliser la situation», selon le texte.

L'ancien président Gayoom, actuellement en Malaisie, a salué la  démission de son successeur, selon un porte-parole de son parti, le  Progressive Party of Maldives.

Une délégation du département des Affaires politiques des Nations  unies, menée par son sous-secrétaire général, Oscar Fernandez- Taranco, était attendue jeudi dans l'archipel pour négocier une  sortie de crise.

Le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Naseem, avait écrit le  mois dernier au bureau du haut commissaire aux droits de l'homme des  Nations unies pour demander de «dépêcher en urgence» une équipe de  juristes.

Fort taux de chômage

Mohammed Nasheed, plusieurs fois emprisonné lorsqu'il se trouvait  dans l'opposition, avait accédé au pouvoir en 2008 pour un mandat de  cinq ans. Il était le premier président élu démocratiquement dans cet archipel de 1200 îles de l'océan Indien plébiscité par les touristes fortunés en quête d'exotisme.

Il a créé en exil son parti, le Parti démocratique des Maldives, avant de revenir sur l'île en héros et de remporter 54% des voix en  2008. Mais son gouvernement a été régulièrement accusé de corruption  et de mauvaise gestion financière. Des manifestations avaient déjà  éclaté au printemps 2011.

Un fort taux de chômage parmi les jeunes, une hausse de l'extrémisme islamiste et un ralentissement de l'activité  touristique en raison d'une situation économique mondiale délicate ont alimenté le mécontentement à l'égard de l'administration Nasheed.

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