Quand un prévenu affirme à un juge qu’il a bien compris la leçon et qu’il ne recommencera pas, jusqu’à quel point peut-on lui faire confiance?

Quand un prévenu tient les mêmes propos alors que c’est un récidiviste – comprenez: il a déjà été condamné pour des faits similaires –, cette question se pose avec d’autant plus d’acuité.

Achat en leasing

C’est la situation à laquelle a été confronté Michael Ecklin, juge au Tribunal régional du Littoral et du Val-de-Travers, ce lundi 26 juin à Neuchâtel. En face de lui, Noa*, un jeune homme qui, alors qu’il avait obtenu son permis de conduire deux ans auparavant, a décidé d’acquérir une voiture hyperpuissante de marque allemande.

Plus précisément: comme sa situation financière ne lui permettait pas d’acheter le véhicule, il l’a acquis en contractant un leasing.

Flashé à 144 km/h

Le résultat ne s’est pas fait attendre, si l’on peut dire: en 2022, Noa se fait flasher à 95 km/h dans une localité. Forte amende et retrait de permis durant cinq mois.

Rebelote en 2023: deux mois seulement après avoir récupéré son permis, il se fait pincer à 144 km/h (après déduction de la marge de sécurité de 7 km/h) sur la route nationale qui relie Le Locle à La Chaux-de-Fonds, alors que le tronçon est limité à 80 km/h. Soit une violation grave de la loi (on parle de «délit de chauffard»).

«Ça m’angoisse d’être là»

Durant une bonne partie de l’audience, le juge a cherché à déceler dans les réponses de Noa si ce dernier réalisait à quel point il avait été un danger pour les autres et pour lui-même. «Savez-vous que si vous roulez à 130 km/h, la distance de freinage est d’environ 130 mètres, soit une distance plus grande que la longueur d’un terrain de football?», a par exemple demandé Michael Ecklin.

Le jeune homme a notamment répondu que, au moment des faits, il n’avait pas idée de la puissance de son véhicule et qu’il ne pensait pas rouler si vite. «Je suis conscient que j’ai fait quelque chose de grave. Ça m’angoisse d’être là, je me sens mal. J’ai bien compris, maintenant, pourquoi il existe des limitations de vitesse.»

Sanctions administratives

Le prévenu a été condamné à une année de peine privative de liberté, avec sursis pendant quatre ans, ainsi qu’à une amende de 4000 francs, auxquelles s’ajoutent 1900 francs de frais de justice (non compris les frais d’honoraires de son avocat).

En rendant son verdict, le juge a expliqué avoir opté pour «une solution intermédiaire». En résumé: une peine suffisamment lourde pour que la leçon porte ses fruits, mais qui aurait pu être plus élevée encore du point de vue financier si Noa ne se trouvait pas dans une situation compliquée sur ce plan.

Cette condamnation pénale s’ajoute aux sanctions administratives: retrait de permis pendant deux ans, puis obligation de repasser le permis, après test psychologique préalable.

*Prénom d’emprunt

Un automobiliste flashé à 248 km/h sur l’A1 entre Morat et Berne

Un homme de 26 ans s’est rendu coupable de délit de chauffard sur un tronçon d’autoroute à Ried bei Kerzers, dans le canton de Fribourg.