Le Neuchâtel université club (NUC) réalise un parcours historique en Coupe d’Europe.

Tout cela est le fruit d’un gros travail fourni par le club neuchâtelois, qui repose sur un comité bénévole dirigé par la présidente Jo Gutknecht (63 ans).

La dirigeante nous a accordé cette interview durant une des nombreuses journées de folie qu’elle a vécues dernièrement et avant le début des play-off de LNA, ce dimanche 3 mars à la Riveraine.

Comment vivez-vous tout ce qu’il se passe autour de votre club?

Comme dans des montagnes russes émotionnelles permanentes. J’éprouve d’abord des émotions très positives lorsque nous gagnons et nous nous qualifions en Coupe d’Europe.

En même temps, je ressens tout de suite une pression énorme et de l’inquiétude par rapport à ce que nous devons mettre en place pour organiser des matches d’un tel niveau.

Cela représente énormément de choses à gérer en peu de temps.

Vous attendiez-vous à vivre une finale de Coupe d’Europe à la Riveraine?

Pas du tout. Je me souviens d’un e-mail que m’avait fait parvenir notre ancien entraîneur Philipp Schütz en 2010 pour me demander de nous inscrire à la CEV Cup pour la première fois.

J’étais sceptique car je ne voulais pas mettre en danger la pérennité de notre club.

Il avait pu compter sur le soutien d’Antoine Benacloche, notre vice-président, qui a toujours été moins prudent que moi, pour me convaincre.

Finalement, nous nous étions inscrits grâce à notre troisième place en LNA, et nous ne nous sommes plus jamais arrêtés.

Toutefois, je n’ai jamais pensé que nous pourrions arriver là où nous en sommes aujourd’hui, ni que le volleyball suisse aurait autant progressé.

Qu’est-ce qui a permis au NUC d’atteindre ce niveau?

Au niveau sportif, c’est clairement l’arrivée de Lauren Bertolacci en 2018. Cette coach extraordinaire sait repérer comme personne le potentiel des volleyeuses susceptibles de nous rejoindre.

Elle nous permet aussi de les convaincre de s’engager alors qu’elles pourraient toucher beaucoup plus d’argent dans un autre club.

Elles sont récompensées par leur progression personnelle et elles peuvent ensuite évoluer dans des plus grands championnats. Le NUC est devenu un très bon tremplin.

Pourrez-vous conserver toutes vos joueuses et votre staff?

Nous ferons toujours valoir les mêmes arguments: si la proposition financière est le double de la nôtre, nous ne nous alignerons jamais.

Nous devons profiter au maximum de la présence de ces personnes au NUC.

Cela dit, avec tout ce que nous mettons en place, grâce au dévouement de quelques personnes, nous avons des arguments à faire valoir. Cela permet d’attirer de bonnes joueuses et les conserver.

Nous faisons le mieux possible avec ce que nous avons et c’est notre grande force.

Je suis largement arrivée à la limite.

Le budget pour notre première équipe est d’environ 600 000 francs et nous essayons de le limiter au maximum.

Alors que nous devons faire face à des équipes comme Dresde (réd: que le NUC a éliminé en huitièmes de finale de la CEV Cup), qui dispose de 2 millions de francs de budget.

Pourrez-vous encore longtemps gérer votre club avec des bénévoles?

Non. Définitivement, l’étape suivante que nous devons franchir est d’engager un directeur ou une directrice technique et administratif-ve pour diriger les bénévoles et gérer ce qui se passe autour de la première équipe.

Pour la pérennité du club, il faut absolument que notre manière de fonctionner évolue vers plus de professionnalisme en définissant un cahier des charges pour ce poste.

Actuellement, beaucoup de choses dépendent de trois ou quatre personnes, dont moi, et ce n’est pas possible de continuer ainsi. J’ai, parfois, la sensation de me retrouver au bord d’un précipice. Je suis largement arrivée à la limite.

Il reste à résoudre la question des moyens financiers. Si nous engagions un manager professionnel, cela signifierait aussi que moins de moyens seraient alloués au niveau sportif.

Vous sentez-vous assez soutenus par les autorités?

Ces derniers temps, nous sentons bien que la Ville de Neuchâtel et nos partenaires ont compris la portée de ce que nous réalisons au niveau sportif.

Nous atteignons un niveau qui nous dépasse presque un peu et qui peut mettre en danger la survie du club si nous ne sommes pas soutenus.

J’ai juste un peu peur que cela soit un feu de paille.

Nous aimerions surtout avoir plus de reconnaissance afin d’être pris en considération comme un vrai partenaire de la Ville et de notre région.

Nous véhiculons une image positive, de gagnantes. Jusqu’à maintenant, nous n’avons jamais eu l’impression que nos institutions voulaient capitaliser là-dessus.

Nous avons un potentiel de développement réel que nous ne pouvons pas exploiter à la Riveraine.

En général, nos institutions ne réalisent pas assez ce que le sport peut apporter à la réputation et à l’image d’une région. Il y a trop peu de moyens mis à disposition du sport.

De quoi avez-vous besoin pour vous maintenir à ce niveau?

Il faudrait que l’utilisation des salles soit un peu plus orientée vers le sport d’élite.

Pour des matches exceptionnels, nous devrions pouvoir disposer des patinoires du Littoral.

Ce qui nous a été refusé et pas uniquement parce qu’une autre compétition s’y déroule. Pourtant, c’est la seule enceinte dans cette ville où nous pourrions jouer devant 4000 personnes.

Pour nous, dès qu’on dépasse les 1000 spectateurs, la Riveraine devient trop petite, pas adéquate.

Nous ne pouvons pas développer l’hospitalité dans cette salle. Pourtant, c’est devenu une source de revenus non négligeable.

Concernant l’aspect sportif, quels sont vos objectifs pour cette fin de saison?

Nous visons le quadruplé, avec la Coupe d’Europe!

Après avoir remporté la Supercoupe, nous sommes encore en lice dans toutes les compétitions nationales, avec les play-off de LNA qui vont débuter ce dimanche 3 mars et une finale de Coupe de Suisse à disputer.

Rien n’est impossible pour le NUC!

La suite néanmoins sera extrêmement difficile à gérer avec tous les matches qu’il nous reste à disputer.

Nous nous en sommes rendu compte lors de la demi-finale de Coupe de Suisse, que nous avons remportée de justesse (3-2) contre Guin.

Nous n’avons pas le temps de nous reposer sur nos lauriers.

Heureusement, nous pouvons compter sur un très bon encadrement, qui a su rendre notre équipe très forte mentalement et qui nous permet de viser le titre dans chaque compétition.

Jo Gutknecht vise le quadruplé cette saison. Photo: Lucas Vuitel

Bio express
Jocelyne Gutknecht
Naissance: 14 décembre 1960.
Etat-civil: mariée, mère de trois enfants et grand-mère de quatre petits-enfants.
Carrière de volleyeuse: début en 1974. Joue en ligue nationale avec Neuchâtel Sports (futur NUC) de 1977 à 1980. Avec Spada Academica Zurich de 1980 à 1982 en LNA. De 1982 à 1989 avec le NUC, de la première ligue à la LNB. Deux promotions en LNA: en 1980 avec Neuchâtel-Sports et avec le NUC en 1989. Une finale de Coupe de Suisse disputée en 1980.
Carrière de présidente: depuis 2000. «La présidence était tournante et je suis restée en poste depuis 24 ans. François Hirschi avait été président pendant 14 ans et je suis devenue la plus ancienne présidente.»
Palmarès de présidente du NUC: 4 titres nationaux, 2 Coupes de Suisse, 5 Supercoupes. Participation aux Coupes d’Europe depuis 2010, avec une finale de CEV Cup en 2024.

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