Tout a changé, mais rien n’a changé. Malgré la réforme fiscale portée par l’OCDE, la baisse du chômage, la généralisation de la pénurie de main-d’œuvre et le retour en force de l’inflation, Neuchâtel est toujours 22e dans le classement de la compétitivité des cantons.

Deux ans après sa dernière édition, en 2021, l’étude présentée mercredi 23 août par UBS ne débouche sur aucun bouleversement notable. Les cantons les mieux notés sont toujours Zoug, Bâle-Ville et Zurich. Les moins bons restent les Grisons (24e), le Valais (25e) et le Jura, qui ferme la marche.

L’indicateur comparatif d’UBS, qui mesure le potentiel d’augmentation de la croissance des cantons, repose sur huit critères (incluant 57 variables): finances publiques, innovation, capital humain ou encore accessibilité.

Neuchâtel, avec une note générale de 52,5 points (le premier du classement en a 100), demeure dans la catégorie des cantons affichant «une compétitivité modérée».

Besoin de main-d’œuvre

Il y a un point où le canton fait mieux que tous les autres: l’amélioration du taux de chômage. Il a bien sûr baissé dans l’ensemble de la Suisse, mais ici, le recul est particulièrement marquant: de 3,7% à fin 2019, à 2,5%, en juillet dernier.

Toutefois, dans un contexte de la pénurie de main-d’œuvre, l’enjeu se situe plutôt dans la disponibilité des forces de travail, qu’elles soient internes ou en provenance de l’extérieur.

Neuchâtel n’est donc pas payé pour ses progrès en la matière, en raison de son problème démographique. «Les perspectives de croissance des personnes actives (16-64 ans) ont une incidence sur notre évaluation, puisqu’elles impliquent une augmentation de la part de la population productive», décrit UBS.

«Un taux de chômage très bas est donc un moins bon point qu’il n’y paraît», confirme Katarina Hofer, économiste de la banque et co-autrice de l’étude.

Il est un autre indicateur où l’on peut s’étonner que Neuchâtel soit mal noté: ses finances publiques (25 points et avant-dernière position). Elles ne sont pas flamboyantes, mais personne ne peut nier que des progrès ont été réalisés au cours de ces dernières années.

Un décalage

«On nous fait souvent remarquer que les améliorations ne se voient pas dans notre indice de la compétitivité. Mais les grands changements et les réformes prennent du temps à porter leurs fruits», justifie Thomas Veraguth, économiste d’UBS.

«Lorsque les finances publiques ont été problématiques puis qu’elles s’améliorent, les cantons réalisent d’abord une remise à niveau, avant de pouvoir augmenter leurs efforts d’investissements. Et ces derniers sont un critère qui a du poids dans nos calculs.»

Le tableau neuchâtelois est également pénalisé par une mauvaise notation de sa structure économique. Le poids de l’horlogerie et de la pharma est évidemment un bon point, qui plus est dans la dynamique actuelle. Mais «une telle concentration et un manque de diversité sont considérés comme un risque», nuance Katharina Hofer.

Le chômage en légère hausse au mois d’août dans le canton de Neuchâtel

Le taux de chômage neuchâtelois augmente donc de 0,1 point par rapport à juillet pour s’établir à 2,6%. Cette hausse touche surtout les jeunes.