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Faut-il interdire le financement du commerce de guerre?

Le 29 novembre les citoyennes et les citoyens suisses vont s’exprimer sur l’initiative populaire «Pour une interdiction du financement des producteurs de matériel de guerre». La conseillère aux Etats neuchâteloise Céline Vara (Les Verts) et son homologue libéral-radical Philippe Bauer en débattent.

12 nov. 2020, 18:38
L'initiative sur le commerce de guerre est soumise au vote du peuple suisse le dimanche 29 novembre.


Céline Vara: «Oui, nos investissements tuent, l’argent de nos retraites tue»

Raytheon est une entreprise étatsunienne active dans le domaine de l’armement et qui produit notamment des armes nucléaires. Des munitions produites par Raytheon ont été utilisées par l’Arabie Saoudite dans le cadre de la guerre au Yémen lors d’attaques qui ont fait des milliers de victimes civiles.

Il se trouve que la Banque nationale suisse investit près de 370 millions de dollars dans cette entreprise. Quant à UBS, c’est plus d’un milliard. Pire encore, l’argent de nos retraites est lui aussi investi par les caisses de pension dans cette entreprise et ce, sans que nous le sachions. Oui, c’est une réalité, nos investissements tuent, l’argent de nos retraites tue.

Le 29 novembre, nous avons l’occasion de changer cela. L’initiative contre le commerce de guerre vise à empêcher que l’argent de nos retraites ne serve à financer l’industrie internationale de l’armement.

Voter oui à l’initiative, c’est contribuer à la construction d’un monde plus pacifique et solidaire, mais pas seulement. L’industrie de l’armement est l’une des industries les plus polluantes au monde. Aujourd’hui, les principaux défis auxquels notre humanité doit faire face, c’est bien le réchauffement climatique et le déclin de la biodiversité. Tolérer ces investissements sales avec l’argent de nos retraites est irresponsable.

Ce n’est même pas rentable et les chiffres le démontrent: si les caisses de pension avaient investi uniquement dans des secteurs durables il y a un an, elles disposeraient aujourd’hui de 9 milliards de francs supplémentaires, soit 1000 francs de plus par personne…


Philippe Bauer: «Non, une initiative qui affaiblira notre tissu économique déjà malmené»

Imaginons une PME neuchâteloise active dans le domaine de la mécanique qui occupe 4 personnes et qui réalise
un chiffre d’affaires mensuel de 150 000 francs. Imaginons la même entreprise qui reçoit directement ou indirectement (sous-traitance) une commande d’une entreprise chargée de «rétrofiter» des armes ou du matériel militaire. Le montant prévisible de cette commande est de 8000 francs par mois, et garanti pendant 3 ans.

Voulons-nous aujourd’hui vraiment priver cette entreprise d’un accès aux sources de financement et donc l’obliger à choisir entre satisfaire ses besoins de liquidités et des places de travail?

L’initiative du GSsA ne concerne en effet pas seulement le financement des entreprises en mains publiques ou en mains privées, dont le but est la production de matériel de guerre destiné à l’exportation, mais toutes les entreprises qui réalisent même indirectement plus de 5% de leur chiffre d’affaires dans la production de pièces armement. Nos PME seraient donc aussi concernées dès qu’elles recevraient une commande de pièces détachées pour un système d’arme utilisé dans notre armée. Un comble!

De plus, et s’il est sans aucun doute louable de vouloir moraliser la vie économique, il convient de se souvenir que la fabrication d’armes ou de pièces de systèmes d’armement n’est pas interdite par le droit international public alors que notre Constitution exige que notre pays dispose d’une armée susceptible de remplir les missions, notamment de défense, que le pouvoir politique lui confie.

Alors résolument non à une initiative qui affaiblira non seulement notre tissu économique déjà malmené mais aussi les capacités de notre armée à remplir ses missions.

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