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Climat: les ruisseaux de montagne émettent plus de CO2 que prévus

Selon des chercheurs de l’EPFL, les ruisseaux de montagne émettent une quantité de CO2 plus grande que supposée. Ils seraient responsables de 10 à 30% des émissions annuelles de l’ensemble des réseaux fluviaux.

25 oct. 2019, 12:33
L'EPFL a mené des campagnes de mesures dans les ruisseaux alpins du Valais. (Illustration)

Dans la foulée d’une découverte publiée en février dernier, des chercheurs de l’EPFL ont évalué à l’échelle mondiale la quantité de CO2 émise par les ruisseaux de montagne. Leurs résultats indiquent qu’elle a été jusqu’ici sous-estimée.

Les montagnes recouvrent 25% de la surface de la Terre et leurs ruisseaux et rivières contribuent pour plus d’un tiers au ruissellement global des cours d’eau du monde.

Le rôle des ruisseaux de montagne dans le cycle global du carbone n’a pourtant jamais été évalué avec précision, les études scientifiques s’étant concentrées jusqu’ici sur les cours d’eau de plaine dans les régions tropicales et boréales, a indiqué vendredi l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) dans un communiqué.

 

 

Åsa Horgby, doctorante au Laboratoire de recherche en biofilms et écosystèmes fluviaux (SBER) de l’EPFL, entourée d’une équipe internationale, vient de publier dans la revue Nature Communications la première étude à large échelle qui permet d’évaluer leur taux d’émission de CO2 et, donc, leur rôle dans le cycle global du carbone.

En moyenne, et par mètre carré, ces cours d’eau affichent un taux d’émission de CO2 plus élevé que d’autres ruisseaux et rivières du monde situés en plaine. La turbulence de leurs eaux, liée à la pente des montagnes, en est l’une des causes.

Ainsi, alors qu’ils ne représentent que 5% de la surface de tous les cours d’eau de la planète, ces ruisseaux pourraient être responsables de 10% à 30% des émissions de CO2 globales annuelles de tous les réseaux fluviaux, selon les chercheurs.

Nouveau modèle

Pour effectuer ce calcul, les auteurs se sont basés sur une découverte que l’EPFL a publiée en février dernier. Cette étude indiquait que la vitesse des échanges gazeux dans les ruisseaux de montagne était 100 fois plus élevée que nous le pensions.

Grâce à des campagnes de mesures déployées dans les ruisseaux alpins du Valais, les chercheurs ont pu corriger un système de calcul qui faisait jusqu’ici référence dans le domaine.

Dans la nouvelle étude extrapolée à l’échelle mondiale sur plus de 1,8 million de ruisseaux, les chercheurs se sont basés sur les caractéristiques hydrologiques et géomorphologiques de ces ruisseaux, mais aussi la quantité de carbone organique dans les sols. Ce paramètre a permis de prédire la concentration de CO2, la vitesse des échanges gazeux ainsi que la quantité d’émissions de CO2.

Un premier pas

«Nous savons depuis quelques années que les eaux douces émettent du CO2 dans le même ordre de grandeur que les océans en absorbent, mais on n’a jamais évalué précisément ce qu’il en était pour les innombrables cours d’eau qui drainent nos montagnes», explique Tom Battin, directeur du SBER, cité dans le communiqué.

On n’a jamais évalué précisément ce qu’il en était pour les innombrables cours d’eau qui drainent nos montagnes.
Tom Battin, directeur du SBER

Les analyses suggèrent que l’origine du CO2 émis par les ruisseaux de montagnes pourrait être géologique, notamment en raison de la quantité des roches calcaires présente dans les bassins versants de ces ruisseaux. Un calcaire qui provient de micro-organismes datant d’une ère où la Terre était recouverte d’un grand océan et qui se sont solidifiés après des millions d’années.

Pour le Pr Battin, cette étude n’est qu’un premier pas, car de nombreuses incertitudes demeurent. Des mesures supplémentaires dans les cours d’eau de montagne du monde entier seraient notamment nécessaires.

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