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Point de vue de Rémy Scheurer: «A la fois grand savant, raciste et féministe»

«N’oublions pas qu’Agassiz fut très actif à Cambridge pour obtenir en faveur des femmes le droit d’étudier à l’université», écrit Rémy Scheurer, professeur honoraire de l’Université de Neuchâtel et ancien conseiller national. Découvrez son point de vue: comme d’autres personnalités locales, nous l’invitons à s’exprimer régulièrement sur des sujets d’actualité.

14 sept. 2018, 15:26
Agassiz était à la fois "grand savant, raciste et féministe", écrit le professeur honoraire de l'Université de Neuchâtel Rémy Scheurer.

Le Conseil général de la Ville de Neuchâtel est saisi d’une proposition de retirer le nom de Louis Agassiz de l’espace qui lui est dédié et de le remplacer par celui de Tilo Frey.

Il n’est pas question ici de comparer la célébrité de ces personnes (leurs biographies sont à disposition dans le Dictionnaire historique de la Suisse) ni de s’opposer au projet de perpétuer par un nom de lieu la mémoire de la première Neuchâteloise élue au Conseil national. Mais cela ne doit pas être au prix de la condamnation du respect posthume dû à un savant qui est à l’origine de notre université et pour lequel celle de Harvard créa en 1848 une chaire de zoologie et de géologie.

Il est vrai qu’Agassiz était raciste, mais il est vrai aussi qu’il combattait l’esclavage. Le professeur Jean-Paul Schaer a expliqué le sens et la portée du racisme chez Agassiz (Bulletin de la Société neuchâteloise des sciences naturelles, 2007). 

Accepter de supprimer son nom serait vouloir condamner un homme du 19e siècle en raison de la morale d’aujourd’hui; ce serait accepter la rétroactivité des règles et le révisionnisme.

C’est donc à juste titre que le Club alpin suisse a refusé de «débaptiser» un sommet des Alpes du nom d’Agassiz. L’accepter pour un espace à Neuchâtel ouvrirait la voie au déboulonnage de la statue de David de Pury qui a bénéficié de l’esclavage, comme tant de grands négociants de son temps. Et n’oublions pas qu’Agassiz fut très actif à Cambridge pour obtenir en faveur des femmes le droit d’étudier à l’université.

Ainsi fut-il tout à la fois grand savant, raciste et féministe. Comme on le sait grâce à Marylin Monroe, «Nobody’s perfect».

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