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Eclairage: «La nouvelle campagne de l’Aide suisse contre le sida ne plaît pas à tout le monde»

Nos journalistes mettent en perspective des sujets d’actualité régionale, sportive, nationale ou internationale avec des analyses ou des éclairages. Aujourd’hui, Sophie Winteler se penche sur la nouvelle campagne de l’Aide suisse contre le sida.

28 nov. 2018, 17:01
A Guatemalan woman shows a red ribbon in support of the people who suffer AIDS, Thursday, 30 November 2006, in Guatemala, a day before the commemoration of the World Aids Day. According to the last UNAIDS report and the World Health Organization the HIV epidemic is starting to drop down, despite the 4.3 new million cases reported in 2006, which adds to 39.5 million the number of people infected with the virus in the world. The same report indicates that 140.000 of the new cases are from Latin America. Guatemala represents a 1 percent of that figure. Prostitution is one of the main risk factors for the transmission of the disease, unprotected sex between men accounts for 12 percent of reported AIDS cases in Guatemala.  (KEYSTONE/EPA/Ulises Rodriguez)

«VIH: Indétectable = intransmissible.» «Une personne séropositive sous traitement ne transmet pas le VIH, y compris lors de rapports sexuels. Il est temps que cela se sache.»

Voici le thème de la nouvelle campagne – dès le 1er décembre – de l’Aide suisse contre le sida. Pour accompagner ces slogans, un petit fantôme tout sourire façon émoticône s’affiche à la place du «i». Heureux de pouvoir chasser enfin ce spectre qui lie mort et sida et hante la population, en affirmant: «Ne craignez rien si vous avez un rapport avec une personne séropositive sous traitement, elle n’est plus contagieuse.» 

A sa lecture, l’interprétation suivante est vite faite: à la poubelle les préservatifs puisqu’on n’a plus besoin de se protéger. Un comble alors que cette même Aide suisse contre le sida répète depuis des années sur tous les tons et tous les styles imagés dans ses campagnes «Love Life»: sortez couvert.

D’où une levée de boucliers, outre-Sarine notamment, pour dénoncer ce message brouillé, certes bien intentionné pour les personnes touchées et leurs partenaires, mais pas pour le public. L’association, elle, se défend. Et explique que si les milieux concernés sont informés, monsieur et madame tout le monde l’ignorent souvent. La campagne vise à lutter contre la discrimination envers les porteurs du virus.

Elle martèle: ce ne sont pas les personnes diagnostiquées séropositives le moteur de la propagation du VIH, mais celles qui ne se font pas dépister par peur du résultat. Du coup, abolir les craintes et la stigmatisation permet d’augmenter la motivation pour le dépistage. Au passage, l’Aide suisse contre le sida insiste toujours sur l’utilité des préservatifs lorsqu’on ne connaît pas le partenaire sexuel ou qu’il s’agit d’une relation éphémère. 

N’empêche! Cette campagne pourrait-elle pousser à l’insouciance? En Suisse, plus de 15’000 personnes se savent porteuses du VIH dont 95% sont sous traitement. L’an passé, le nombre de cas déclarés a chuté de 16% par rapport à 2016, avec 445 nouveaux cas. Ce chiffre n’a jamais été aussi bas. Mais la maladie reste toujours aussi incurable. Alors continuez à sortir couvert, au cas où.

 

Un visuel de la campagne. (crédit: emoji company GmbH. Aids-Hilfe Schweiz / TKF)

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