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#3 Les métiers qui font nos médias - Michel Merz, organisateur en chef et mémoire de notre journal

CHRONIQUES DU CHANGEMENT - Il regarde le passé avec humilité et l'avenir de la presse avec sérénité. Portrait du chef d'édition de la rédaction, qui partira à la retraite à la fin de l'année après… 48 ans dans l'entreprise!

23 nov. 2017, 15:53
/ Màj. le 27 nov. 2017 à 16:55
Michel Merz, secrétaire général de la rédaction, prend sa retraite à la fin de l'année, après 48 ans de travail pour "L'Express".

«Ma relation avec "L’Express" est avant tout une relation familiale.» Michel «Mitch» Merz donne le ton dès le début de l’interview. Avec deux frères imprimeurs et un père chef imprimeur (qu'on appelait aussi «prote», précise-t-il), son parcours semblait tout tracé pour travailler dans le journal.

C'est ce qu'il a fait, jusqu'à devenir chef d'édition de la rédaction de "L'Express" - le titre officiel est "secrétaire général".

Pourtant, il aurait dû commencer un apprentissage de dessinateur en génie civil. Trois semaines avant sa prise de poste, cela n’a pas pu se faire. Il commence alors en tant qu’apprenti typographe à l’Imprimerie centrale de Neuchâtel (ICN), l’entreprise de son père.

Ce qui est sûr, c’est qu’il n’est pas tombé dedans par passion. «Plutôt par enchaînement familial», analyse-t-il. «J’habitais dans la maison, et le travail me convenait bien.»

L'ère du plomb

À la fin de son apprentissage, après son service militaire, Michel signe son contrat de typographe "de nuit". Il commence à 16h et finit vers 2h15 le matin suivant. «Je faisais du tennis la journée», explique-t-il. «Du coup, travailler le soir me permettait d'y jouer souvent.»

Son travail de l’époque consiste à composer les titres en plomb, puis à assembler ces derniers, ainsi que les lignes de texte et les photos pour monter les pages. À l’époque, l’article était tapé par les journalistes sur une machine à écrire, puis transformé en bandes imprimées par des dactylos. Ces bandes étaient ensuite décodées par une Linotype, une machine permettant de produire les lignes de texte en plomb.

«Tout se faisait à la main», se souvient-il. «On avait une grande forme en métal et on disposait les différents éléments qui allaient constituer la page.» Puis, la technologie a vite évolué. Le plomb a été remplacé par des bandes de papier. Et puis est arrivée l’informatique.

D'une soirée à une heure de travail

Grâce à l’informatique, tout s'est simplifié. Pourtant, ça n’a pas été tout de suite ce que l’on connaît aujourd’hui. «Maintenant, on ne prend qu’une heure pour faire la Une, puisque plusieurs rédacteurs travaillent de concert dans la même page», raconte Michel. «Avec les premiers systèmes, ça nous prenait parfois les trois quarts de la soirée.»

Son travail a bien changé au fil des ans. De typographe, il est devenu maquettiste, puis secrétaire de rédaction. En 1991, l’évolution technologique a rendu le travail plus facile. Conséquence directe: la suppression d'une partie du personnel.

C’est à ce moment-là que Michel s’est vu proposer un poste de secrétaire de rédaction. Il devait suivre des cours de journalisme et obtenir son diplôme. Même s’il n’est jamais allé sur le terrain, il lui fallait comprendre le travail de ses collègues.

Prévoir l'essentiel

Depuis environ 10 ans, Michel dirige le secrétariat de rédaction. «Les tâches sont les mêmes chaque jour, mais elles sont chaque fois différentes», lâche-t-il en souriant. L’actualité le pousse à s’adapter au mieux à toute situation.

Mais la plus grande partie de son travail est d’anticiper les choses. «On ne peut pas attendre que toutes les pages soient pleines et tout finaliser entre 21h30 et 23h15», explique-t-il. «Il faut juger le rythme et le timing de l'arrivée des articles durant la soirée.» Et la spécialité de Michel, c’est justement l’organisation.

Une évolution tous les cinq ans

L’arrivée d’internet a complètement chamboulé les habitudes de travail dans un journal. «La presse est tellement liée à la technologie que, quand celle-ci change, tout le processus change», analyse Michel.

Au cours de ses 46 ans de boîte, et même 48 en comptant son apprentissage, Michel dit avoir connu «35 ans d’évolution». Avec des licenciements, dus notamment à la baisse de la publicité, «mais aussi des engagements dans d’autres secteurs», constate-t-il. Le défi, c'est d'être constamment à jour.

Et la suite?

La retraite, Michel l’attend sereinement. Travaillant l’après-midi, il a toujours été actif le matin. «A la retraite, je vais pouvoir prolonger l’activité que je devais arrêter pour venir travailler», lâche-t-il en souriant.

Quant à l’avenir du journal, il ne se fait pas trop de souci. «Une bonne info, un bon article, ce sera toujours valorisé, peu importe la technologie», estime-t-il. «Car il est de plus en plus important pour la société d’expliquer les grands enjeux et d’éclairer les gens.»

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