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Triste Noël pour les chrétiens de Syrie

Les chrétiens de Syrie, qui voient leur pays déchiré par les violences, s'apprêtent à fêter Noël dans l'angoisse du chaos et de la montée des islamistes.

23 déc. 2012, 11:26
syria

Les chrétiens syriens n'ont pas le coeur à faire la fête. Pour certains, il est impossible de faire la fête après la perte d'être chers.

"Je n'ai aucune raison de faire la fête alors que j'ai perdu des proches", affirme Georges, 38 ans, comptable à Damas. Comme la plupart des personnes interrogées il préfère rester discret et garder l'anonymat.
 
Maryam dit, elle, redouter un changement de régime et la montée de "ces terroristes armés" qui pourraient la forcer à "porter le voile et ne plus travailler pour rester à la maison".
 
De son côté, Nadine, après s'y être longtemps refusée, a déposé une demande de visa pour les Etats-Unis. Quand les combats se sont approchés de chez elle, l'exil s'est imposé à cette ingénieure d'une quarantaine d'années car elle ne voit "aucune solution pour le pays", où désormais seules les armes parlent.
 
Pour Michel, employé dans le tourisme, "la situation ne peut pas perdurer ainsi", mais dans tous les scénarios qu'il envisage, il craint que les chrétiens ne soient les grands perdants. Comme beaucoup, il garde en tête le traumatisme irakien, où la communauté chrétienne a été durement frappée par la montée de l'islamisme radical après l'invasion américaine de 2003.
 
Villages menacés
 
Forte de 1,8 million d'âmes, la communauté chrétienne est restée jusqu'ici globalement à l'écart de la révolte populaire devenue conflit armé. Sa hiérarchie et une grande partie de la communauté, par peur des islamistes, ont en revanche pris position en faveur du régime.
 
Samedi, le chef de l'Eglise grecque-orthodoxe de Syrie, Youhana Yazigi, patriarche d'Antioche et de tout l'Orient, a réaffirmé que "les chrétiens (resteront) en Syrie", alors que l'ONU a récemment qualifié le conflit d'"ouvertement intercommunautaire". Le même jour, un bataillon rebelle menaçait d'attaquer deux villages chrétiens si leurs habitants n'en chassaient pas l'armée régulière.
 
Insécurité
 
A Qassaa, un quartier du centre de Damas à majorité chrétienne, musulmans et chrétiens venaient autrefois de loin pour faire des achats et admirer les décorations de Noël. Cette année, les rues sont vides et aucun ornement n'a été sorti.
 
Pour Bassem, c'est surtout la crise économique et l'inflation galopante qui sont les responsables. "Je n'ai même pas pu acheter de vêtements ou de jouets à mes enfants", dit-il.
 
Selon les médias gouvernementaux, l'inflation a réduit d'un tiers le pouvoir d'achat des Syriens et l'embargo et les sanctions économiques ont entraîné une hausse des prix à la consommation pouvant atteindre 65%.
 
Mais au-delà de l'économie, il y a l'insécurité. Et à Alep, au nord, théâtre depuis cinq mois d'une guérilla urbaine, "de nombreux chrétiens prieront chez eux plutôt qu'à l'église", affirme Ibrahim Nassir, à la tête de l'Eglise évangéliste arabe.
 
"Les chrétiens sont partie intégrante de la société syrienne. Si les gens redoutent d'assister à la messe de Noël ce n'est pas parce qu'ils ont peur que les églises soient visées mais à cause de l'insécurité" en général, explique-t-il.
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