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Suisse: les mineurs non accompagnés ne sont pas assez encadrés

Pas assez encadrés, parfois abandonnés à leur sort. L'accompagnement des réfugiés mineurs non accompagnés est loin d'être exemplaire dans bon nombre de cantons. Se démarquent par leur bonne volonté les cantons de Berne et de Vaud.

02 nov. 2016, 09:12
La majorité des MNA, près de trois quarts, arrivent lorsqu'ils ont entre 15 et 17 ans.

L'accompagnement des jeunes migrants isolés peut être amélioré, estime Rolf Widmer, président d'une fondation qui encadre des mineurs non accompagnés (MNA). Selon lui, la qualité d'accueil varie beaucoup d'un canton à l'autre et elle dépend de la volonté politique de ces derniers.

En 2015, le nombre de mineurs non accompagnés a plus que doublé. Il est passé de 1806 à 4216, selon les chiffres du Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM). Surpris, certains cantons ont eu du mal à faire face, surtout en ce qui concerne la scolarisation et l'hébergement de ces jeunes migrants. Un an après, les arrivées ne se sont pas taries. Fin septembre 2016, les MNA étaient 5184.

"Leur situation est correcte d'un point de vue logistique", affirme Rolf Widmer, président de la Fondation suisse du Service social international (SSI). "La grande majorité de ces jeunes ont un logement et sont scolarisés. Mais ce n'est pas optimal."

Pour M. Widmer, le principal problème réside dans le manque d'encadrement personnel. "Les accompagnateurs ne sont pas assez nombreux. Du coup les jeunes n'ont pas de personne de référence qui les suit individuellement et les encourage à se réaliser. En Thurgovie, les enfants sont même livrés à eux-mêmes durant la nuit."

Il affirme que "ces jeunes ont besoin d'être accueillis dans des structures à taille humaine où ils se sentent acceptés et entourés. Ils ont aussi besoin de disposer d'un espace privé où ils peuvent se retirer s'ils ont envie d'être seuls."

 

 

Un à trois ans pour s'adapter

Autre problème: l'insertion socio-professionnelle de ces mineurs. "Il est difficile de les former et les rendre autonomes pour leurs 18 ans, âge auquel les cantons estiment généralement ne plus avoir à s'occuper d'eux", assure M. Widmer.

La majorité des MNA, près de trois quarts, arrivent lorsqu'ils ont entre 15 et 17 ans. Dès lors, ils n'ont qu'entre une et trois années pour être formés. Or, "ils ne connaissent pas la langue et ont des niveaux scolaires très différents", continue Rolf Widmer. "De plus, tous ne savent pas s'ils pourront rester en Suisse. Cela n'encourage pas les maîtres de formation à les engager."

Volonté politique

S'il insiste sur les manques dans l'encadrement des MNA, Rolf Widmer aime également souligner les réussites. Deux exemples: les cantons de Berne et de Vaud.

Dans le premier, des professionnels ont été mandatés et "s'occupent très bien des MNA." Dans le deuxième, c'est l'Etablissement vaudois d'accueil des migrants (EVAM) qui "fait du bon boulot: un centre n'accueille pas plus de 40 jeunes et ces derniers évoluent en petits groupes dans de vrais lieux de vie et non pas des casernes, comme ce fut le cas par le passé à Genève."

M. Widmer explique ces différences de traitement d'un canton à l'autre par leur volonté politique. "Quand un canton veut bien faire, il s'en donne les moyens."

Selon lui, l'argument financier ne tient pas dans un pays aussi riche que la Suisse. "Offrir à ces jeunes un bureau pour faire leurs devoirs et un espace personnel est, à mon avis, avant tout une question de respect de l'autre."

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