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Pourquoi célèbre-t-on la fête nationale suisse le 1er août?

Ce mercredi 1er août, comme chaque année depuis 1891, les Suisses célèbrent leur fête nationale. Pourquoi cette date a-t-elle été retenue? Est-elle historiquement justifiée? Est-ce que le pacte de 1291, bien réel, est vraiment l'acte fondateur de notre pays? Décryptage.

27 juil. 2017, 15:43
/ Màj. le 31 juil. 2018 à 07:45
Que ce soit le 31 juillet ou le 1er août, les Suisses d'ici et d'ailleurs s'apprêtent à célébrer une fête nationale aux origines plus floues qu'il n'y paraît.

1. Pourquoi le 1er août 1291?

Le Pacte fédéral est un accord de paix signé entre les représentants des trois cantons primitifs: Uri, Schwytz et Nidwald, rapidement rejoint par Obwald. Le document est attesté historiquement (bien que contesté par quelques scientifiques, à l'instar de Roger Sablonier), mais il n'est, selon les spécialistes, qu'un traité parmi beaucoup d'autres signés à cette époque.

 

 

Sa datation au carbone 14 l'a situé autour des années 1280. Il est effectivement daté du mois d'août, mais on ne sait pas exactement de quel jour. "Au début du mois d'août." Le 1er a été choisi de manière arbitraire. 

 

2. Depuis quand fête-t-on le 1er août?

On l'a dit, ce que l'on appelle aujourd'hui le Pacte fédéral n'était à l'origine qu'un accord de paix assez ordinaire. Il a donc été oublié dans les archives jusqu'en 1758. On le retrouve alors dans les tiroirs poussiéreux du canton de Schwytz. D'un point de vue politique, il n'a pas réellement joué un rôle important, contrairement au Pacte de Brunnen de 1315. 

Mais c'est sur ce document que le Conseil fédéral s'appuie, en 1889, pour organiser une fête commune du jubilé programmée en 1891, parce que cela coïncide avec le 700e anniversaire de la fondation de la ville de Berne. Les Schwytzois, qui ont donné leur nom à notre pays, prennent les affaires en main et insistent pour organiser la fête à Brunnen, là où ils pensent que le pacte a été signé 600 ans plus tôt.

Le but, c'est de réunir les Suisses, divisés après 1848 et la guerre du Sonderbund. Cette même année 1891, les radicaux, qui monopolisent le Conseil fédéral depuis 1848, font un autre geste d'ouverture autrement plus significatif en ouvrant la porte à un conservateur-catholique. 

La fête dure 2 jours et c'est un vrai succès, puis le soufflé retombe durant les années suivantes. Depuis 1899, le 1er août est décrété officiellement fête nationale suisse. Mais ce n'est que depuis 1994 que c'est légalement un jour férié, suite à une initiative populaire lancée en 1991 à l'occasion du 700e anniversaire de la Confédération.

 

3. Pourquoi pas le 12 septembre?

La fondation officielle de l'Etat fédéral tel qu'on le connaît remonte au 12 septembre 1848. Cette date aurait donc pu être retenue par les autorités fédérales pour célébrer notre fête nationale.

 

 

Mais c'est justement pour "effacer" en quelque sorte le traumatisme de la guerre civile du Sonderbund, entre cantons catholiques et cantons protestants, que le Conseil fédéral, en 1889, décide de remonter bien plus loin dans le temps et intégrer les cantons "primitifs", dans le camp des "ennemis" en 1848.

Le serment du Grütli

On aurait aussi pu commémorer le serment du Grütli, que l'on situe en 1307, entre Arnold de Melchtal, Walter Fürst et Werner Stauffacher. Mais il manquait ici un document officiel sur lequel fonder la tradition.

 

4. Pourquoi on fait des feux du 1er août?

La tradition remonte au Moyen Âge. A l'époque les feux étaient utilisés comme moyens de communication à distance. On a ensuite étendu leur usage aux célébrations de joie. Avant 1891, on célébrait ainsi les grandes batailles ou la mort de personnages importants. En 1891, pour la première fête nationale officielle, les autorités demandent à tous les cantons de respecter un programme commun où il est notamment demandé de sonner les cloches des églises à 19 heures et d'organiser des feux de joie sur les hauteurs.

 

La tradition a peu à peu invité les feux d'artifice venus d'Asie au coeur des célébrations.

 

5. Que dit vraiment ce fameux Pacte fédéral?

AU NOM DU SEIGNEUR, AMEN. C'est accomplir une action honorable et profitable au bien public que de confirmer, selon les formes consacrées, les mesures prises en vue de la sécurité et de la paix.

Que chacun sache donc que, considérant la malice des temps et pour être mieux à même de défendre et maintenir dans leur intégrité leurs vies et leurs biens, les gens de la vallée d'Uri, la landsgemeinde de la vallée de Schwytz et celle des gens de la vallée inférieure d'Unterwald se sont engagés, sous serment pris en toute bonne foi, à se prêter les uns aux autres n'importe quel secours, appui et assistance, de tout leur pouvoir et de tous leurs efforts, sans ménager ni leurs vies ni leurs biens, dans leurs vallées et au dehors, contre celui et contre tous ceux qui, par n'importe quel acte hostile, attenteraient à leurs personnes ou à leurs biens ( ou à un seul d'entre eux), les attaqueraient ou leur causeraient quelque dommage. Quoi qu'il arrive, chacune des communautés promet à l'autre d'accourir à son secours en cas de nécessité, à ses propres frais, et de l'aider autant qu'il le faudra pour résister à l'agression des méchants et imposer réparation du tort commis.

C'est ce que, par le geste consacré, ils ont juré d'observer en toute loyauté, renouvelant par le présent traité le texte de l'ancien pacte corroboré par un serment; sous réserve que chacun, selon sa condition personnelle, reste soumis, comme il convient, à son seigneur et lui rende les prestations auxquelles il est tenu.

De même, après commune délibération et d'un accord unanime, nous avons juré, statué et décidé que nous n'accepterons et ne reconnaîtrons en aucun cas dans les dites vallées un juge qui aurait payé sa charge de quelque manière, soit en argent soit à quelque autre prix, ou qui ne serait pas de chez nous et membre de nos communautés. Si d'autre part un conflit surgit entre quelques-uns, les plus sages des confédérés doivent intervenir en médiateurs pour apaiser le différend de la façon qui leur paraîtra efficace; et les autres confédérés doivent se tourner contre la partie qui repousserait leur sentence.

 

 

Outre tout cela, ils ont établi un statut commun, stipulant que celui qui, criminellement et sans provocation, commettra un meurtre, sera, si on a pu se saisir de lui, puni de mort comme son crime infâme l'exige; à moins qu'il ne puisse prouver qu'il est innocent; et s'il réussit à s'échapper, il lui est à jamais interdit de revenir au pays. Ceux qui accorderaient abri ou protection au dit malfaiteur doivent être expulsés des vallées, aussi longtemps qu'ils n'auront pas été expressément rappelés par les confédérés.

Si quelqu'un, de jour ou dans le silence de la nuit, met criminellement le feu aux biens d'un confédéré, on ne doit plus jamais le considérer comme membre d'une de nos communautés. Et celui qui, dans nos vallées, prendrait le parti du dit malfaiteur et le protégerait devra indemniser la victime.

De plus, si l'un des confédérés en dépouille un autre des ses biens ou lui cause n'importe quel autre dommage, les biens du coupable que l'on pourra saisir dans les vallées doivent être mis sous séquestre pour dédommager la victime conformément au droit.

En outre, nul n'a le droit de saisie envers un autre confédéré, à moins que celui-ci ne soit notoirement son débiteur ou ne se soit porté caution envers lui; et il ne doit le faire qu'en vertu d'un prononcé spécial du juge.

Outre cela, chacun est tenu d'obéir à son juge et doit, s'il est besoin, indiquer de quel juge il relève dans la vallée. Et si quelqu'un refuse de se soumettre au jugement rendu, et que l'un des confédérés subisse quelque dommage du fait de son obstination, tous les confédérés sont tenus de contraindre à réparation le récalcitrant.

Et surgisse une querelle ou une discorde entre quelques confédérés, si l'une des parties se refuse à tout arrangement par voie judiciaire ou par accommodement, les confédérés sont tenus de prendre fait et cause pour l'autre partie.

Les décisions ci-dessus consignées, prises dans l'intérêt et au profit de tous, doivent, si Dieu y consent, durer à perpétuité; en témoignage et confirmation de quoi le présent acte, dressé à la requête des prénommés, a été muni des sceaux des trois communautés et vallées susdites.

Fait en l'an du Seigneur 1291 au début du mois d'août. 

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