Le Ministère public neuchâtelois a requis mercredi une peine ferme de trois ans et demi de réclusion à l'endroit du Tchétchène Bulat Chagaev, ancien propriétaire de Neuchâtel Xamax. Contrairement à la première, la seconde audience du procès consacré à la faillite du club de football s'est déroulée en l'absence du principal accusé.
Devant la Cour criminelle du Littoral et du Val-de-Travers, le procureur général Pierre Aubert a exigé la condamnation de Bulat Chagaev pour gestion fautive et déloyale, faux dans les titres et soustraction à l'impôt payé à la source. La promesse de s'acquitter d'arriérés de salaire et d'impôts impayés parle en faveur de l'accusé, a admis le Ministère public.
Cela n'annule pas pour autant les infractions pénales dont il s'est rendu coupable, jusqu'à la faillite du club prononcée en janvier 2012. Dans son réquisitoire, le procureur a dénoncé les justifications sans queue ni tête avancées par Bulat Chagaev durant l'instruction.
Arbitraire le plus total
Il a mis en évidence le caractère de faux, forgé par l'accusé, de la garantie de crédit de la Bank of America destinée à renflouer le club en déconfiture. Il a tenu également pour gestion fautive et déloyale les décisions du Tchétchène touchant aux contrats sportifs et administratifs, ainsi qu'avec les sponsors et les fournisseurs de services.
Le représentant du Ministère public a évoqué aussi le caractère fantasque, désagréable et arrogant de l'accusé, qui s'est vite discrédité par ses "allures de satrape". Il a mis en évidence l'incompétence du prévenu dans la gestion d'un club de football, l'incohérence de ses décisions fondées sur l'arbitraire le plus total.
Sursis requis contre l'ex-bras droit
Le procureur a par ailleurs demandé une peine de 15 mois de réclusion avec sursis pour Islam Satujev, l'ancien acolyte tchétchène de Bulat Chagaev, dont on reste sans nouvelles. Il n'a joué qu'un rôle subalterne dans la déconfiture de Xamax, mais l'ex-bras droit a mis néanmoins "la main à la pâte", a estimé le représentant du Ministère public.
Le défenseur d'Islam Satujev a exigé de son côté l'acquittement de son client, qui ne connaissait pas la situation financière critique du club lorsqu'il était en fonction. Le mandataire des parties civiles a demandé au tribunal de fixer des indemnités à la hauteur du "tort considérable" causé à la carrière des six plaignants dans cette affaire, à savoir un entraîneur, son assistant, un médecin, un physiothérapeute et deux joueurs.
L'avocat de Chagaev demande l'acquittement
L'audience s'est s'achevé dans l'après-midi avec la plaidoirie de Me Dimitri Iafaev, défenseur de Bulat Chagaev. Il a demandé l'acquittement de son client, sur la base des pièces figurant dans le dossier, ou une peine compatible avec sursis. L'avocat a argué que la situation du club a viré au désastre à cause de la précédente équipe dirigeante.
La Cour criminelle devrait rendre son jugement le 24 octobre prochain. / STE avec ATS