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Le chef étoilé Philippe Rochat est décédé, ses amis lui rendent hommage

Un grand nom de la gastronomie romande nous a quittés ce mercredi. Le chef étoilé Philippe Rochat, 61 ans, a succombé à un malaise lors d'une sortie à vélo à Cheseaux-sur-Lausanne. Ses amis lui rendent hommage.

08 juil. 2015, 17:38
Philippe Rochat sur le parcours du Marathon de la Jungfrau, devant le "Mémorial Franziska Rochat-Moser", un hommage à son épouse décédée en montagne le 7 mars 2002.

Le cuisinier Philippe Rochat est décédé mercredi matin des suites d'un malaise alors qu'il faisait du vélo à Cheseaux-sur-Lausanne. Le Vaudois avait 61 ans. Il avait dirigé de 1996 à 2012 un des meilleurs restaurants de Suisse, l'Hôtel de Ville à Crissier.

Philippe Rochat est mort vers 09h30 alors qu'il faisait du vélo en compagnie de deux personnes, a indiqué Jean-Christophe Sauterel, porte-parole de la police vaudoise. "Les investigations sont en cours, mais il a vraisemblablement fait un malaise". Malgré l'intervention rapide des secours, il n'a pas pu être sauvé.

Philippe Rochat avait succédé fin 1996 à Frédy Girardet à l'Hôtel-de-Ville de Crissier, un chef qui lui avait enseigné la rigueur. Quinze ans plus tard, il avait transmis le flambeau à Benoît Violier. Le restaurant est auréolé de trois étoiles au Michelin et d'un 19 sur 20 au Gault et Millau.

Perfectionniste acharné, il a passé 32 ans à Crissier, comme employé d'abord, chef de cuisine, puis comme patron. Du 1er juillet 1980 au 31 mars 2012, rappelait-il en interview. Un travail prenant, dur parfois. Mais l'homme aimait se lancer des défis. "Ce fut une aventure extraordinaire aussi parce que c’était dur", disait-il.

Comme père et fils

Benoît Violier, le nouveau chef de l'Hôtel de Ville à Crissier, a dit son émotion après le décès subit de Philippe Rochat, son prédécesseur. "Cette journée est particulièrement difficile. C'est terrible, on était comme père et fils", a-t-il confié.

L'atmosphère était lourde mardi à Crissier. "C'est le silence, ça pleure", a dit à l'ats Benoît Violier. "Ici, c'est une famille. On vient de perdre un membre de la famille", a-t-il ajouté. "Philippe Rochat était tellement proche de tout le monde. Il était aimé de tous. Il donnait tout, ce qui le symbolise, c'est sa générosité".

"J'ai appris la nouvelle de son décès vers 12h30. J'ai réuni mon équipe de cuisine et de service à la fin du service", a-t-il raconté. Sur les 54 collaborateurs, 15 sont là depuis plus de 15 ans et ont donc travaillé de nombreuses années avec Philippe Rochat.

Malgré tout, le service ne s'est pas interrompu: "j'étais là à l'époque lorsqu'il avait perdu son épouse. Il nous avait dit d'aller de l'avant. Il faut continuer", a ajouté Benoît Violier. "Depuis la reprise, je l'ai toujours cité comme un deuxième père".

Un Combier un peu têtu

"C'était un homme entier de la Vallée de Joux, un Combier un peu têtu et volontaire. Il ne lâchait jamais rien et allait jusqu'au bout", se souvient son ami, l'entrepreneur horloger Jean-Claude Biver, un ami "de bouffe et de vélo". "Il est mort dans sa passion. Il a été enlevé d'un seul coup sans qu'il s'en rende compte".

La vie ne l'avait pas épargné. Né en novembre 1953 au Sentier, il a perdu sa mère lorsqu'il était enfant. En 2002, son épouse, la marathonienne Franziska Rochat-Moser est décédée accidentellement emportée par une coulée de neige en montagne. Il avait retrouvé la sérénité auprès de l'ancienne fondeuse Laurence Rochat, sa compagne.

Un choc

Gérard Rabaey, ancien chef du Pont-de-Brent, est sous le choc. "On était deux frères de coeur, on a beaucoup partagé", a-t-il témoigné mercredi. "Franziska et lui se sont mariés dans mon auberge en 1995", se souvient avec émotion le chef étoilé à la retraite. "Je le connais depuis 1978 quand il était employé à Crissier. On était beaucoup ensemble. On a fait énormément de vélo, visité les grandes tables du monde, les relais et châteaux. On était à l'époque les deux seuls trois étoiles de Suisse", raconte-t-il.

"Philippe part beaucoup trop tôt. Il a eu pas mal de malheurs dans sa vie. Depuis sa retraite, il y a trois ans, il avait moins de pression, il était tellement heureux", relate le cuisinier étoilé. "Et là, le monde s'écroule: il devait me téléphoner cette semaine pour qu'on aille manger ensemble avant son départ en vacances".

"Si jeune"

"C'est dur de voir qu'il s'en va si jeune", a confié Frédy Girardet, 78 ans. "Ce sont des choses qui font du mal: voir partir quelqu'un que l'on a eu à son service, à qui on a remis son savoir. C'est la personne avec laquelle j'ai été le plus proche en cuisine".

Du caractère de Philippe Rochat, Frédy Girardet souligne qu'"en seize ans, il n'a jamais eu un mot. Au travail, il était sérieux , de bonne humeur. Il avait beaucoup de passion pour son métier. C'était un personnage charismatique".

"Il tenait à la présence des produits locaux dans sa cuisine", a dit Josef Zisyadis, fondateur de la Semaine du goût, dont Philippe Rochat a été le parrain. "Il avait un contact très personnel avec les producteurs. Sa porte était ouverte".

Respect des produits et des saisons

Philippe Rochat a été, avec Frédy Girardet, le premier récipiendaire du Mérite cantonal vaudois. "Il a toujours eu à coeur le respect des saisons et des produits dans sa pratique de la gastronomie", a relevé le Conseil d'Etat vaudois qui a salué aussi "son attention permanente pour la formation".

Daniel Rossellat, patron du Paléo Festival et syndic de Nyon, a dit "la tristesse de perdre un ami": "Un drapeau noir flotte sur les casseroles génialement inspirées de Philippe Rochat", a-t-il écrit sur les réseaux sociaux.

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