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La fumée bannie des établissements publics, état des lieux 10 ans après

Le 12 avril 2007, le Tessin devenait le premier canton suisse à bannir la fumée des établissements publics. D'autres l'ont suivi progressivement jusqu'à ce qu'une loi fédérale s'applique à tout le pays. Dix ans après, état des lieux pour mettre en évidence les impacts de cette interdiction sur la santé et l'avis de la population avec des années de recul.

06 avr. 2017, 08:56
/ Màj. le 23 oct. 2017 à 10:57
L'interdiction de fumer dans les établissements publics est entrée en vigueur le 1er mai 2010 dans toute la Suisse.

Le Tessin d'abord

Le 12 avril 2007, la fumée a été bannie des établissements publics du Tessin, premier canton suisse à franchir le pas. S'inspirant de leurs voisins italiens, pas moins de 79,1% des citoyens avaient choisi un air plus sain via les urnes.

Il a donc été interdit de fumer dans tous les bars, restaurants, discothèques et autres night-clubs. Les propriétaires des locaux ont cependant eu la possibilité d'aménager des espaces séparés et dûment aérés pouvant servir de fumoirs.

De canton en canton

Le 1er mai 2010, l'interdiction de fumer dans les établissements publics est entrée en vigueur dans toute la Suisse. Cependant, certains cantons avaient déjà pris des dispositions, notamment plusieurs cantons romands qui ont anticipé cette loi fédérale en développant leur propre législation. 

Alors que onze cantons et demi-cantons s'en tiennent aux exigences minimales de la loi fédérale, d'autres se sont montrés plus restricifs. Huit cantons et demi-cantons, dont Genève, Fribourg, Vaud, Neuchâtel et le Valais, possèdent une réglementation interdisant les établissements de restauration fumeurs et le service dans les fumoirs.

10 ans après, les impacts sur la santé?

L'interdiction de fumer dans les établissements publics avait clairement pour objectif premier de préserver la santé de la population, cette dernière étant exposée au tabagisme passif dans les bars, restaurants et discothèques.

Dix ans plus tard, il est difficile de livrer avec exactitude les impacts d'un air sans fumée, mais quelques chiffres ont été annoncés. Selon l'Office fédéral de la santé publique, le nombre de personnes exposées involontairement à la fumée au moins une heure par jour a diminué, passant de 35% en 2002 à 5% en 2015.

Peu après l'instauration des premières interdictions cantonales, des études ont montré le net recul de certaines maladies dûes au tabagisme. L’Hôpital cantonal des Grisons a par exemple enregistré une baisse significative du nombre d’admissions suite à un infarctus du myocarde. Au Tessin, ces cas ont diminué de 21 %. À Genève enfin, les hospitalisations pour cause de maladies pulmonaires chroniques ou de pneumonie ont reculé de 19%.

Concernant le personnel non-fumeur des établissements publics, une étude suisse a montré que des signes manifestes d'amélioration de leur santé ont été constatés après l'instauration de l'interdiction. "Les facteurs de risque d’infarctus du myocarde ou les biomarqueurs de l’athérosclérose ont diminué de façon significative au sein du groupe d’intervention".

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10 après, l'avis de la population?

Dix après les débuts de l'interdiction de fumer dans les établissements publics en Suisse, la population est-elle contente de cette loi? Selon un sondage réalisé auprès de nos lecteurs, il apparaît qu'une large majorité d'entre eux ne regrette pas la cigarette dans les bars, restaurants et discothèques (80%). Ils mettent en avant les bienfaits sur la santé, mais aussi la disparition des mauvaises odeurs et des gênes occasionnées par la fumée (maux de gorge, yeux qui piquent).

Même les fumeurs se disent satisfaits, déclarant notamment que sortir pour fumer occasionne des contacts avec les autres personnes présentes dehors.

Les lecteurs sont 18% à penser qu'il s'agissait d'une mauvaise idée. Les principaux arguments sont l'apparition de nouvelles odeurs désagréables dans les établissements et les nuisances sonores nocturnes émises par les fumeurs sur les terrasses.

Des lecteurs satisfaits

"En tant que serveuse, c'était insupportable de travailler dans la fumée. Les yeux qui piquent, la gorge irritée et les habits au complet à changer chaque jour et les cheveux qui prennent aussi les odeurs."

"Quel bonheur de pouvoir boire un verre sans cette polution et n'être pas obligé le lendemain de laver tous les vêtements à cause de cette odeur..."

"On a moins de risques du coup d'être exposé à la fumée passive, aux toxines présentes dans les cigarettes... donc on évite d'avoir un possible cancer."

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Des fumeurs sans regrets

"J'approuve... et je suis fumeuse! Depuis, dehors, on se parle un peu, c'est assez sympathique."

"Je suis fumeur et je trouve ça très bien, même que d'aller prendre l'air pour griller une cigarette, ça fait du bien été comme hiver."

 

Les conséquences négatives

"Non, car ça pue plus qu'avant, laissez au moins les vapoteurs"

"Cela crée des nuissances sonores nocturnes et beaucoup de plaintes au niveau du voisinage."

"Lors de repas avec avec 10-15 personnes, il y en a toujours 3 ou 4 dehors en train de fumer et ça casse l'ambiance."

 

Des années après, l'interdiction de fumer dans les établissements publics est toujours une source intarissable de discussions et de prestations humoristiques.

 

10 ans après, d'autres interdictions?

Dans les immeubles: en raison de plaintes toujours plus nombreuses de locataires qui ne supportent plus la fumée de leurs voisins de balcon, certains propriétaires d’immeubles et des régies stipulent désormais dans leurs baux l’interdiction totale de fumer dans leurs logements. Cité par GHI en décembre 2015, Carlo Sommaruga, député national socialiste et secrétaire président de l’Asloca suisse, confirmait qu’il y a une augmentation des préoccupations et des plaintes de locataires à Genève. "Notamment dans les anciens immeubles où la fumée passe par les planchers, détaille-t-il. Il existe aussi des problèmes dans les aspirations." Aucune interdiction n'est cependant citée dans la loi sur la fumée passive de 2010.

Au volant: Actuellement, aucun article de la loi n'interdit de fumer au volant. Il convient tout de même de rappeler qu'une cigarette peut échapper des doigts et provoquer un incendie dans l'habitacle. De plus, fumer en conduisant peut être une source de distraction.

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Dans la rue: en Australie, depuis 2016, il est interdit de vendre des cigarettes dans les festivals, de fumer aux arrêts de bus, de taxi, à proximité des zones réservées aux enfants, dans des rues piétonnières, dans les zones de restauration. Même si certains politiciens suisses ont approuvé cette désision, il n'est pour l'instant pas question de telles interdictions dans notre pays.

Dans les jardins publics: fumer dans les parcs n'est pas interdit selon la loi contre le tabagisme passif. Cependant, certaines sociétés ont fait le choix d'interdire la cigarette dans leurs parcs ouverts au public, comme l'Organisation mondiale de la santé dont le siège se trouve à Genève.

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