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L'autre Chris McSorley

Il y a l'effrayante machine, qui dérange par ses actes, ses paroles, ses succès. Et il y a le mari, le père de famille. Entraîneur de Genève Servette depuis 2001, Christopher Wilfred McSorley (46 ans) reste difficile à cerner. Eva, son épouse depuis neuf ans, raconte son Chris en marge de la Coupe Spengler.

29 déc. 2010, 10:06

Las Vegas, en 1998. Chris McSorley dirige le Thunder de l'endroit, équipe de la défunte International Hockey League. Un ange passe. Il le saisit et ne le lâche plus. «J'étais patineuse professionnelle et je donnais des cours à Las Vegas», raconte Eva McSorley. «Nous avons accroché dès notre premier rendez-vous...»

Depuis, la belle Américaine de 37 ans a dompté la bête. Son Chris n'est pas celui du hockey, celui qui nourrit le culte d'un monstre capable de tous les excès pour assouvir sa soif de succès. «J'ai une image très différente de mon mari», sourit Eva. «A la bande, Chris est sérieux, il vit les matches très intensément. En privé, c'est quelque de relax, qui adore plaisanter. Il a deux visages. Quand je l'appelle au travail, uniquement au son de sa voix, je sais quel Chris j'ai au bout du fil.»

«BigMac» soigne cette schizophrénie latente avec de la glace. Ses dérapages abreuvent les gazettes et justifient le salaire du juge unique. Son regard terrifiant provoque souvent une réaction chez l'autre, chez l'ennemi. «Tout cela fait partie du show», glisse Eva. «Cela ne me choque pas, car je connais Chris par c½ur. Tout ce qu'il entreprend est réfléchi, il perd rarement le contrôle. Il agit toujours avec un objectif. Il cherche à créer de l'émotion pour obtenir une réaction de l'équipe, capter l'attention des arbitres ou encore attirer les regards sur lui plutôt que sur ses joueurs.» Un acteur, Chris? «Un petit peu...»

Le McSorley de la bande s'est construit à Cayuga, village de 900 âmes dans les environs d'Hamilton, en Ontario. Avec ses trois s½urs et six frères - dont Marty, qui fut le garde-chiourme de Wayne Gretzky -, le jeune Chris apprend la valeur du travail à la ferme familiale. Une éducation stricte, matinée d'un fort esprit de compétition. «Il est différent avec ses enfants», poursuit Eva. «Aidan, notre fils de 8 ans et demi, joue au hockey. Avec lui, Chris n'est ni père ni entraîneur, c'est un fan. C'est même moi qui doit lui dire qu'Aidan a besoin de travailler son tir ou je ne sais quoi.»

Chloé, l'aînée de 11 ans, s'est elle essayée au patinage artistique. «Elle n'aimait pas. Cela ne sert à rien de forcer un enfant. Aidan, c'est autre chose, c'est un mordu de hockey et de Genève Servette. Il traîne à la patinoire et dans le vestiaire avec son père depuis l'âge d'un an. Les joueurs le connaissent très bien. Il est un peu leur mascotte.»

Native de San Francisco, Eva en pince aussi pour les Aigles. Rarement elle ne manque un match aux Vernets. «Je suis une très grande supportrice de Genève Servette et... de mon mari!»

La pression et l'accaparement d'une charge parfois inhumaine, fardeaux inhérents au job de coach en LNA, génèrent de nouvelles normes. En première ligne, la famille s'adapte. «Nous n'avons pas les horaires d'un foyer normal, car Chris travaille beaucoup. C'est un accroc au boulot, il y met beaucoup de passion. Mais nous arrivons toujours à nous aménager des plages. Chris adore s'occuper de ses enfants.»

Entre le mari et l'entraîneur, entre la belle et la bête, deux mondes régentés par leurs propres règles. Alors, à la maison, Chris le meneur de troupes cède les commandes. «Il faut bien équilibrer la balance», sourit Eva. «L'épouse d'un homme comme Chris doit être une femme forte.» Une femme qui, contrairement à son mâle, met parfois Molière dans ses mots. «Nos enfants parlent le français, moi un petit peu... en tout cas mieux que mon mari! Il aimerait tant apprendre, mais il n'en a tout simplement pas le temps.»

Pourtant, pour les beaux yeux d'Eva, il devra bien s'y mettre: «Je me vois terminer ma vie à Genève...» /LKL

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