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Dix ans plus tard

Entre les gouttes, par une fine bruine, les sportifs en blanc ont pu dispenser leur art. Tous les cracks ont passé, tranquilles. Sauf Martina Hingis, peut-être. Longtemps, la Britannique Naomi Cavaday (WTA 232) l'a fait douter. Court No 2, 14h30. Martina pousse la moue des mauvais jours. Si crispée, le regard si noir. «C'est vrai, j'étais tendue», avoue la tête de série No 9. Le premier set filera sans qu'elle puisse le rattraper. Trois balles de première manche envolée à 5-4, puis le tie-break qui s'évapore. «Parfois, un point est une longue distance à parcourir...» souffle-t-elle.

26 juin 2007, 12:00

Son esprit était ailleurs. Il sondait sa souffrance, physique, puis morale. A 4-5 au 2e set, sur son service, elle devra même effacer deux balles de match. Naomi Cavaday, une gamine de 18 ans, l'a tenue en joue. «Je me suis dit: Non, cela ne va pas m'arriver à moi, pas ici, pas à Wimbledon», confie Hingis. «Je n'ai jamais perdu sur le court No 2, même s'il est considéré comme un cimetière à champions.» Et la jeunotte britannique a craqué. Elle ne marquera plus le moindre jeu. «Ce match, cette victoire... Je suis tellement soulagée.» Martina sourit. Au 2e tour, il y aura la Japonaise Aiko Nakamura (WTA 68).

Depuis le 10 mai, et sa défaite à Berlin devant Patty Schnyder, la Saint-Galloise avait disparu du circuit, à cause d'une inflammation à la hanche gauche. A 27 ans, son corps ne se répare plus aussi facilement qu'avant, quand elle dominait la planète tennis. Il a besoin de temps. Alors, il l'a exhortée à faire l'impasse sur Roland-Garros. Sage, elle l'a écouté. «Ce genre d'inflammation demande huit semaines de pause», précise-t-elle. Elle en a laissé cinq à son organisme. «Peut-être n'est-ce pas la meilleure décision que j'ai prise, mais je ne pouvais pas manquer Wimbledon.»

Ce gazon au millimètre, doux et dense, elle aime le toucher. Pas question de le snober, cela n'aurait pas été très correct, pas très «british». Dix ans après son sacre à Church Road, Hingis se devait d'y être. «La semaine dernière, mon médecin m'a dit que je n'étais pas guérie complètement, peut-être à 70%. Mais il m'a aussi dit que cela ne pouvait pas empirer. Si je joue, c'est de ma responsabilité.»

Arrivée à Wimbledon il y a 10 jours, elle s'est remise au boulot. Durement. «Pour tenir, j'ai parfois fait cinq ou six heures d'étirements en une journée. Je suis tellement heureuse de pouvoir à nouveau jouer au tennis. Spécialement ici...» Elle peut ajouter un succès, 6-7 (1/7) 7-5 6-0, à ce sentiment. «Parfois, de petites choses rendent la vie plus belle. C'est ce qui m'est arrivé lundi. Dans la 3e manche, j'ai commencé à me sentir bien. Je crois que j'y ai même joué un excellent tennis. Je dois bâtir là-dessus. Après tout, des joueuses qui connaissent des difficultés au premier tour vont parfois très loin.»

Après tout. Advienne que pourra. Comme en 1997, à 17 ans, quand elle avait Wimbledon à ses pieds. «Cela me paraît si loin. A cet âge, vous pensez que le monde vous appartient. Je me sentais invincible...» Elle a beaucoup changé, Martina. /LKL

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