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La chair de poulet a la cote à Chézard

Denis et Daniel Christen, agriculteurs à Chézard-Saint-Martin, ont agrandi leur halle de poulets de chair, un marché en expansion. Cet investissement n'aurait pas eu lieu si le fils ne reprenait pas l'exploitation.

05 mai 2017, 17:37
/ Màj. le 05 mai 2017 à 18:47
Eleveurs de vaches à lait pour la production de gruyère AOP, Denis et Daniel Christen se sont diversifiés dans la chair de poulet.

Quel avenir pour l’agriculture au XXIe siècle? Alors que la société d’agriculture de La Chaux-de-Fonds fêtera ses 150 ans cette année, le nombre de paysans a été divisé par quatre de puis les années 1950. Pourtant, des jeunes reprennent chaque année l’exploitation familiale, en tentant de nouvelles pistes.

Notre quatrième volet met en lumière les Vaudruziens Denis et Daniel Christen. Père et fils élèvent des poulets de chair à Chézard.

Quelque 8800 poussins pépient et gambadent dans un espace fraîchement rénové. Sortis de leur coquille mercredi, les bébés volailles sont arrivés le lendemain à Chézard-Saint-Martin, dans la halle chauffée à plus de 30° de Denis et Daniel Christen.

Père et fils ont à peine investi dans un bâtiment muni d’un jardin d’hiver. Une mise aux normes leur permettant d’obtenir le label Favorit, relié à Micarna. Une entreprise fondée par Migros, avec laquelle ils sont partenaires dans la production de poulets de chair (lire ci-dessous). 

Quatrième génération d’agriculteurs, la famille Christen était à l’origine uniquement tournée vers l’élevage de vaches à lait pour la production de gruyère AOP. Même si ce marché est plus prospère que la vente de lait, Denis Christen a tout de même dû diversifier sa production lorsqu’il a rejoint son père dans l’exploitation familiale au début des années 1990. "Il fallait sortir deux salaires et le marché de l’engraissement de volaille était intéressant."

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Avec les années, ce domaine est devenu toujours plus florissant. "Le prix bon marché du poulet est un des facteurs principaux." Aussi, lorsque la quatrième génération, Daniel Christen, a rejoint son père en 2015, ils ont décidé de transformer la halle. "Si mon fils ne reprenait pas l’exploitation agricole, je n’aurais pas investi à mon âge", poursuit Denis Christen, 57 ans – l’éleveur a aussi une fille qui n’était pas intéressée par la ferme. 

400'000 francs investis

Pas moins de 400'000 francs ont été investis pour la halle, qui mesure 600 mètres carrés. A laquelle s’ajoute un jardin d’hiver – les volailles peuvent y accéder par des trappes – qui mesure 120 mètres carrés. "Avec les nouvelles transformations, nous réalisons six à sept séries de 8800 poulets de chair par an", signale Daniel Christen.

Les poussins, qui pèsent à peine 50 grammes, arrivent de Granges-près-Marnand (VD). Une fois avoir atteint le poids de 2,5 kilos, soit 37 jours passés dans la halle, les poulets sont transportés à Courtepin (FR) pour l'abattage.

Conscients que cet élevage industriel peut susciter le débat, Denis et Daniel Christen sont sereins. "Beaucoup de gens mangent du poulet. Nous avons justement amélioré la halle pour obtenir un label" explique le père.

Et d’insister qu’«avant chaque nouvelle arrivée de poussins, la halle est nettoyée et désinfectée. Les conditions d’hygiène sont très strictes». Denis Christen est d’ailleurs ravi de dévoiler son exploitation. "C’est important de montrer notre travail."

Lait et pommes de terre

Si la chair de poulet est un bon filon, la famille Christen n’a pas cessé l’élevage de bovins. Elle possède une septantaine de bêtes, dont quarante vaches à lait pour la production de fromage. "Nous sommes une société coopérative à Chézard-Saint-Martin, composée de dix producteurs. Nous livrons notre lait à un fromager qui occupe nos locaux. Le gruyère AOP est ensuite redistribué par Emmi", indique Denis Christen.

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En outre, depuis quelques années, ils se sont diversifiés dans la production de pommes de terre. Sur quatre hectares, cela représente environ 120 à 150 tonnes par an. "Nous en proposons en self-service devant notre maison. C’est aussi une façon de se diversfier", observe le fils. 

Les agriculteurs restent discrets sur leur chiffre d’affaires. Ils signalent toutefois que la production relative aux bovins (lait pour le fromage, vente de vaches et veaux) représente 60% de leur revenu; 30% pour la chair de poulet; et 10% pour les pommes de terre. "En revanche, si on compte nos heures de travail, les poulets prennent beaucoup moins de temps. Environ, 15-20 minutes par jour pour contrôler que tout va bien." Et le grand nettoyage avant chaque nouvelle arrivée de poulets.

A noter aussi que Denis Christen et son épouse, ainsi que son fils, sont les seuls salariés. "Quand on a besoin, on fait appel à des aides supplémentaires."

Si l’agriculture donne parfois une image sinistre, à 32 ans, Daniel Christen est serein. "Si on était toujours avec nos vaches au village, j’aurais peut-être peur, mais avec nos productions, je suis confiant quant à l’avenir."

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