Didier Cuche a fait ses premiers pas en Coupe du monde en 1993. Depuis, un seul autre Neuchâtelois, son petit cousin Dimitri, a eu la chance de suivre (un peu) ses traces sur le circuit. Manque-t-on de talent, de travail, de chance ou de volonté dans l'Arc jurassien? Peut-être. Mais peut-être pas seulement.
Car il faut reconnaître que la région n'est pas idéale pour élever un futur crack de ski alpin. Dans la tranche d'âge des 11-15 ans, celle où tout se décide, les incessants déplacements occasionnent une lassitude qui finit par peser sur les performances sportives ou scolaires. Mener les deux «carrières» de front coûte cher aux parents, et la facture est plus douloureuse encore quand les chronos ou les notes ne suivent pas. S'il faut trancher, c'est souvent le talent du gamin qui trinque, avant même d'avoir pu s'exprimer.
Parce qu'il serait trop bête de miser uniquement sur les exceptions (Didier Cuche en est une), la création du Centre régional de performance alpin (CRP) est plus qu'une bonne nouvelle. Cette structure intelligemment pensée, très peu onéreuse pour les familles, portée par le travail et la compétence d'une équipe passionnée, sera un outil efficace dans la détection et l'accompagnement des futurs champions d'ici, qui pourront ensuite aller démontrer leurs capacités ailleurs, là où ça compte vraiment. N'y voyez aucune garantie, juste une aide précieuse. Et qui sait...
Le CRP sera peut être un transrun - ou un téléphérique... - entre l'Arc jurassien et le Valais. Entre le ski de loisir de nos talus et celui de haute compétition. Entre la Coupe Didier Cuche et Didier Cuche tout court.
