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Un agriculteur de Lignières mise sur le semis direct

Agriculteur à Lignières, Yann Bonjour, n'effectue plus de traite ni même de labour. Découvrez son portrait.

12 mai 2017, 15:33
/ Màj. le 12 mai 2017 à 17:11
Yann Bonjour élève aussi de jeunes ruminants jusqu'à leur âge adulte avant de les rendre à leur propriétaire.

Quel avenir pour l’agriculture au 21e siècle? Le nombre de paysans a été divisé par quatre depuis les années 1950. Pourtant, des jeunes reprennent chaque année l’exploitation familiale, en tentant de nouvelles pistes. On dénombre aujourd’hui 678 exploitations agricoles dans le canton.

Notre cinquième et dernier volet met en lumière Yann Bonjour, de Lignières, qui a opté pour la technique du semis direct dans ses cultures. 

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Traire les vaches, ça n’était pas son truc. Alors il a choisi d’élever de jeunes génisses et de petits veaux (une septantaine durant l’hiver, une quarantaine pendant la période estivale) avant de les renvoyer, quatre à cinq mois plus tard, à leur propriétaire, une fois les ruminants sevrés ou aptes à produire du lait.

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Sur les 63 hectares familiaux – un grand domaine puisque la moyenne suisse se situe autour des 20 hectares – Yann Bonjour a continué à semer céréales et autres graminées oléagineuses. Mais en employant une technique nouvelle. A l’instar de la plupart des jeunes paysans reprenant l’exploitation familiale, il s’est écarté des rails posés par son père Sylvain.

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Quand il prend les rênes de l’exploitation de Lignières, en 2009, il commence à s’intéresser au semis direct. Une méthode consistant à semer sans labourer.

"J'aurais dû commencer plus tôt"

"Mon père désapprouvait cette idée de me lancer dans le semis direct", se souvient cet homme de 44 ans qui a réalisé ses premiers essais en 1998 déjà. Essais qui ne s’avérèrent guère concluants, "les parcelles choisies n’étaient pas les plus appropriées pour démarrer". Cela n’a toutefois pas suffi à décourager celui qui représente la 5e génération d’agriculteur dans le giron familial. "Avec le recul, je me dis que je n’aurais pas dû écouter mon père et me lancer plus tôt dans le semis direct."

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Aujourd’hui, du reste, Sylvain Bonjour doit reconnaître que son fils a eu raison de prendre cette décision. "Avec cette technique, plus besoin de ramasser les cailloux dans les champs, par exemple. Nous n’avons plus de problème d’érosion et lors de fortes pluies, l’infiltration de l’eau est beaucoup plus importante."

Crédit: David Marchon

Rendements maintenus

Et surtout, "les rendements n’ont pas pâti de ce changement de pratique, tout en allégeant la charge de travail", sourit ce père de trois enfants qui "se donne les moyens", selon sa terminologie, de prendre quelques vacances pour les passer en famille. 

C’est que Yann peut compter sur son père. Bien qu’officiellement retraité depuis cinq ans, celui-ci continue à l’aider aussi bien dans l’étable qu’aux champs. Ainsi, malgré la grandeur du domaine, ils travaillent à eux deux. "Je n’aurais pas les moyens d’employer de la main-d’œuvre", remarque Yann Bonjour. Titulaire d’un CFC d’agriculteur, ce dernier n’a pas toujours vaqué à des occupations dans l’exploitation familiale.

A un moment donné, Yann et son père se sont associés avec un voisin. "Mais il n’y avait pas suffisamment de travail pour trois.  Alors j’ai  été, un temps, employé chez Landi et puis chez mon oncle pour effectuer des travaux de maçonnerie." Aujourd’hui, seul à la tête de son exploitation, Yann ne regrette nullement son choix. Mieux, "il rend mon métier plus intéressant", conclut-il.

Testé en Amérique du nord d’abord

La version moderne de cette forme de semis direct est apparue dans les années 1970 grâce à la découverte du Paraquat, premier herbicide n’ayant aucun effet sur la culture suivante. L’apparition du glyphosate a ensuite renforcé la démocratisation de ce procédé testé en Amérique du Nord sur les sols qui avaient subi de graves problèmes d’érosion suite aux tempêtes de poussières des années 1920-1930. Depuis une dizaine d’année, elle connaît un essor en Europe. 

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