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Neuchâtel: des citoyens-jardiniers s'installent à Pierre-à-Bot

Le projet de potagers urbains, lancé par la Ville de Neuchâtel en automne 2016, prend racine à Pierre-à-Bot. Une quarantaine de citoyens-jardiniers ont pris possession de leurs parcelles.

18 mai 2017, 10:58
/ Màj. le 18 mai 2017 à 17:50
Astrid est l'une des habitantes de Neuchâtel à s'être lancée dans l'aventure.

Bêche, plantoir ou arrosoir à la main, ces habitants de Neuchâtel renouent avec des gestes ancestraux. Entre joies d’enfant et engagement citoyen, ils ont pris racine à Pierre-à-Bot, sur les hauts de la ville.

Ce projet de potagers urbains et citoyens lancé l’automne passé par la Ville a été inauguré samedi dernier. "Il est vu avec une certaine admiration en Suisse romande", a déclaré le conseiller communal Olivier Arni.

L'inauguration des potagers urbains de Pierre-à-Bot le 13 mai dernier. Crédit: Lucas Vuitel

"A fond dedans"

Une quarantaine de parcelles ont été attribuées par tirage au sort selon leur taille, de six, 12 ou 18 m2. Dès le bail signé avec la Ville, certains ont mis en terre leurs premiers plantons. Tous avaient déjà consacré deux samedis à préparer les potagers.

L’un des encadrants a voulu savoir qui avait déjà cultivé: "Sur 40, dix ont levé la main", raconte Kevin Merino, des Incroyables Comestibles. Certains n’avaient même jamais touché un outil de jardinage. Pourtant, "on a travaillé presque non-stop. Ils étaient à fond dedans!"

>> A lire aussi: "Les Incroyables Comestibles offrent leur soutien aux jardiniers en herbe"

Les travaux préparatoires le 29 avril dernier. Crédit: Christian Galley

Apprendre

L’enthousiasme risque-t-il de retomber? "Nous avons tellement de trucs à construire ensemble les deux prochaines années... Les problèmes viendront peut-être après, mais je suis confiant", dit Daniel Schürch, du Drop-In, fondation pour la réinsertion de personnes souffrant de dépendances.

Hormis des fêtes et des réunions, "nous allons faire de l’autoconstruction ensemble", a annoncé Alexandre Wicky, président de l’association Humus et de la faîtière Ensemble Bôt Jardins. Il est question d’un abri, d’un étang, d’un verger ou de haies bocagères. Et de mettre en avant les valeurs de la permaculture, basées sur l’apprentissage, proverbe chinois à l’appui: "Il vaut mieux avoir l’air bête cinq minutes que de le rester toute sa vie!"

Une forme d’intégration

Maître de formation et agriculteur, Daniel Schürch espère que les citoyens-jardiniers "auront envie que ce site soit certifié bio. Ce serait une première pour une association comme la vôtre". D’ici là, il leur a concocté "un document sur la rotation des cultures: c’est la base pour se préserver de maladies et d’attaques d’insectes".

Du projet, Daniel Schürch retient surtout "le côté intégrateur", pensant notamment à des Kurdes et Marocains du quartier. C’est aussi ce qui motive Daniel Goldberg, installé aux Acacias depuis une année. Arrivant de Serrières, où il était membre de l’association de quartier, il avait envie de réveiller celle de Pierre-à-Bot. Le projet de potagers lui a paru "très prometteur du point de vue des rencontres". 

Le témoignage de citoyens jardiniers

"Un retour aux choses simples"

"Nous avons pris une parcelle de 18 m2 en couple, pour savoir ce que l’on mange", note Maria, nutritionniste de 48 ans. "Nous mangeons le plus possible bio, du marché et de saison évidemment. C’est plus cher, mais on y gagne en santé et en goût." Et l’efficacité est au rendez-vous: "Depuis que je suis avec Maria, je suis beaucoup moins mal", souligne le Serriérois Carlos, 51 ans. "En deux ans, j’ai peut-être pris une aspirine. Avant, j’avais le rhume des foins et des allergies."

Une vertu déstressante est aussi visée: "C’est un retour aux choses simples, au local, alors que l’on vit dans une société mondialisée où tout va trop vite, où l’on est sous pression", dit celui qui travaille pour une entreprise multinationale. 

Et il y a tout simplement "une envie de revenir à la terre", selon Maria, dont les grands-parents étaient cultivateurs au Portugal. Le travail leur fait-il peur? "Nous allons utiliser les techniques de la permaculture et laisser faire la nature."

Maria et Carlos. Crédit: Lucas Vuitel

"Une richesse dans l'échange"

"Avec un autre ami, nous avions un jardin ailleurs, chez un privé, que nous avons dû quitter", raconte Mathieu, 40 ans. A Pierre-à-Bot, ce géologue qui vit aux Acacias a une parcelle de 18 m2, comme son camarade Mamadou.

S’occuper d’un potager, "pour beaucoup de gens, c’est lourd", relève Mathieu. "Ici, avec l’aide des associations et en travaillant ensemble, il y a une énergie et une richesse dans l’échange." Mamadou, aide paysagiste de 51 ans, apprécie également l’esprit du lieu, où ce n’est pas "chacun avec son cabanon". Par ailleurs, "ça évite de dépenser dans les magasins".

Cet habitant de La Coudre annonce le programme: outre les légumes habituels, "nous allons mettre des plantes du Burkina", son pays d’origine, comme le gombo, une sorte de courgette, et les aubergines africaines. D’ici-là, Mamadou affiche un large sourire en regardant des enfants s’amuser avec des outils.

Mamadou et Mathieu. Crédit: Lucas Vuitel

"Une envie de contribuer"

A 28 ans, Laura participe "dans une optique de développement personnel, pour me rapprocher de la nature et pour le côté social". Son amie Astrid, 22 ans, parle de "partage" et "pouvoir cultiver soi-même ce que l’on mange". Et "si ça dure, le jour où l’on aura des enfants, ce sera chouette de les voir gambader ici et pas juste d’aller au magasin acheter une salade dans du plastique..."

Astrid, qui va débuter une formation de secrétaire médicale, "essaie de faire du zéro déchet, mais c’est compliqué". Au supermarché, elle surprend encore souvent lorsqu’elle tend  sa petite boîte au fromager.

Cette prise de conscience écologique est partagée par Laura, étudiante en relations internationales et sensible au discours sur les perturbateurs endocriniens. "J’ai juste envie de contribuer et de sensibiliser autour de moi." Les deux jeunes femmes installées dans les environs de la gare ont pris chacune une surface de 12 m2. 

Astrid et Laura, avec leur ami Marwin. Crédit: Lucas Vuitel

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