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Des agents du stationnement sur le Littoral nous révèlent les coulisses de leur métier

Qui n’a jamais râlé contre le "flic" qui lui a collé une amende? Les agents du stationnement accomplissent un travail "ingrat" mais "nécessaire", comme le rappelle Olivier Kessler, responsable stationnement à la Sécurité urbaine. Afin de voir comment ils vivent leur métier, "a+" a suivi deux de ces agents sur le terrain, durant quelques heures un vendredi matin. Gilet jaune compris.

20 juin 2017, 13:03
/ Màj. le 22 juin 2017 à 12:00
Elodie et José testent le nouveau système qui leur permet de coller des amendes.

José et Elodie travaillent au sein de l’entité de stationnement depuis 4 et 5 ans. Et ils aiment leur job. Non pas parce qu’ils prennent plaisir à coller les gens, mais «pour le contact avec eux. Et on se sent utile, il faut maintenir une certaine discipline si l’on veut que le système fonctionne! Nous savons que nous ne pourrons pas plaire à tout le monde et il faut être prêt à surmonter ça», raconte Elodie.

Son collègue ajoute que "généralement, ça se passe bien. Des personnes que l’on amende régulièrement nous saluent, c’est presque amical! Une fois, une collègue a même reçu un bouquet de stylos pour les prochaines amendes qu’elle allait coller!"

Gens plutôt dociles

Parfois jugés sévères, les deux agents se montreront particulièrement indulgents envers une personne aux multiples infractions: impossible de savoir si la présence de la journaliste y est pour quelque chose.

Si, au départ, le ton se durcit rapidement, la pression retombe lorsque José explique à la personne pourquoi elle est dans son tort: "Plus on dialogue avec les gens, mieux c’est. Des fois, ça dégénère lorsqu’on ne s’y attend pas. Et ce ne sont pas les jeunes qui sont les plus mal élevés! Il faut toujours prendre du recul avec les gens, au moins au début. On ne sait jamais", raconte Elodie.

Savoir gérer les conflits

Evidemment, les agents du stationnement sont formés pour gérer les conflits. Ils prennent également des cours de self defense. "Mais le mieux, c’est de partir. La personne recevra alors l’amende à la maison…", précise José.

Durant les deux heures passées avec José et Elodie, les gens rencontrés, collés ou avertis, se sont montrés plutôt dociles. De bons Suisses, si on ose dire. Même cette dame d’origine française au disque bleu non conforme aux normes européennes: "Je ne savais pas. S’ils sont commercialisés, je trouve qu’il n’est pas juste que ce soit nous qui payions les amendes. C’est la responsabilité de l’Etat!". Après discussion, elle repartira avec une amende et un nouveau disque.

Pas d’acharnement

Ce matin-là, c’est entre la rue des Beaux-Arts et La Maladière que les contrôles sont effectués. Les agents du stationnement ont une liste de zones à vérifier, qui s’étendent au fil des années avec l’extension du parcage réglementé (selon la philosophie du plan de stationnement III, avalisé par le Conseil Général en 2008).

"Nous essayons de passer partout plusieurs fois par mois. Les zones proches du centre sont contrôlées quotidiennement, contrairement à celles qui sont plus éloignées", explique Elodie. Il est en effet important de réguler les endroits où la pression du stationnement est forte.

Ce qui a des implications: "Comme nous donnons une priorité au centre-ville et que ce sont souvent les mêmes qui s’y garent, certains pensent que c’est de l’acharnement".

Heureusement, ce n’est pas le cas, comme le précise José: "Si je vois un véhicule en infraction et que je mets une amende, je dois contrôler toute la rue ou le parking". Il faut également savoir que les agents peuvent intervenir à la demande de résidents et usagers divers.

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Entre 8 et 10 kilomètres par jour

En cours de route, Elodie précise que les agents marchent "entre 8 et 10 kilomètres par jour". Et c’est aussi ça qui est plaisant dans leur métier, selon elle: "Nous ne sommes pas enfermés dans un bureau. En plus, nous pouvons aller dans la zone que nous voulons et c’est une liberté que j’apprécie!"

José dépose, en plus d’une amende, un disque bleu sur un pare-brise qui n’en présente aucun. Si les deux agents nous ont emmenés dans cette zone, ce n’est pas pour rien: "C’est le pire. Les étudiants viennent tourner leurs disques. Comme nous ne sommes pas assez nombreux pour passer tous les jours (ils sont 7.4 équivalents plein-temps, ndlr), ça ne leur fait que quelques amendes par mois. Ainsi, ça leur coûte moins cher que le parking et ils sont plus proches de leurs lieux de cours", raconte Elodie.

On voit un étudiant sortir et s’engouffrer dans sa voiture: "Lui, il va faire le tour du quartier et se re-parquer ici", assure José. Et ça, c’est interdit: «On ne peut pas partir en ayant l’intention de revenir. Une fois le temps imparti terminé (1h ou 1h30 selon la position du disque), soit on change de zone, soit on va dans un endroit payant".

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Ni quotas, ni commissions

Ce matin-là, on aperçoit 2-3 autres personnes pressées de rejoindre leur voiture pour ôter le témoin de leur infraction, ticket ou disque. "Quand quelqu’un arrive 5 minutes après le dépassement du temps, on le laisse partir", souffle Elodie.

Mais tout dépend de l’agent sur qui vous tombez: "Chacun a sa sensibilité", précise José. Mais le binôme tient à mettre les choses au clair: "Notre but n’est pas de mettre le plus d’amendes possibles. Nous n’avons pas de quotas à respecter et nous ne recevons aucune commission. Nous travaillons au cas par cas tout en essayant d’avoir la même ligne de conduite entre agents, pour être crédibles", explique Elodie.

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Des «Points I»

Pendant leur tournée, les deux agents seront interpellés à maintes reprises: "Nous sommes des 'Points I' avec ce gilet jaune! Les gens pensent qu’on peut les aider pour plein de choses, surtout les touristes", s’amuse Elodie.

En tout cas, après avoir passé cette petite matinée à crapahuter à travers la ville avec gilet et jeans sous un soleil de plomb, on se dit que les agents doivent être immunisés contre la chaleur…

Vicky Huguelet, a+ Neuchâtel + Littoral

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