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Qui tiendra le premier rôle dans la révolution industrielle?

Dans les industries de l’Arc jurassien, la fébrilité est palpable. Au-delà des craintes liées au franc fort, à la concurrence globalisée ou à la pénurie de main-d’œuvre, un mouvement de fond est perceptible.

05 sept. 2016, 01:15
/ Màj. le 05 sept. 2016 à 06:30
Pharma: site Celgene de Boudry

Boudry, le 04.06.2015, Photo : Lucas Vuitel

Intelligence artificielle, réalité virtuelle, robotisation, fabrication additive… Pour Philippe Grize, directeur du domaine ingénierie de la Haute école Arc, «ces nouvelles technologies sont autant de ‘briques’ qui vont se combiner pour aboutir à une nouvelle façon de produire ce dont nous avons besoin. Nous allons vivre une révolution industrielle» (voir ci-contre).

Ce que permettent, en théorie, ces technologies, c’est l’interconnexion généralisée de toute la «chaîne de création de valeur»: client, vendeur, fabricant, sous-traitant, négociant de matières premières, compagnies minières: cet écosystème, désormais connecté, peut être tenu au courant en direct des besoins, souhaits, possibilités de chacun des partenaires commerciaux. Ce qui devrait bouleverser la manière dont fonctionne l’industrie, amenant cette «Quatrième révolution industrielle».

En moins d’une décennie, une bonne partie de la planète s’est habituée à porter un smartphone en permanence, restant connecté à ses connaissances, enregistrant ses déplacements ou documentant son état physique. «Ce que l’individu a traversé avec l’arrivée des smartphones, l’industrie va le connaître», assure Philippe Grize.

Leaders de la révolution

La manière dont est conçu et fabriqué ce que nous consommons pourrait donc totalement changer. Le gros des objets que nous utilisons sont produits en masse puis poussés vers le marché par le fabricant et vendu grâce aux stimulations du marketing. Pour expliquer ce que pourrait être l’avenir de la production, Philippe Grize utilise l’exemple du distributeur de chips et autres chocolats: en agissant sur la machine, c’est le client qui déclenche l’acheminement du produit qu’il choisit. Pour Philippe Grize, nul ne sait comment ces briques technologiques vont s’agencer.

Il est pourtant sûr d’une chose: l’Arc jurassien occupe les avant-postes dans cette révolution. «Nous avons les moyens d’en être les leaders», assure l’ingénieur.

La raison? Un réseau de petites entreprises industrielles produisent et innovent à proximité immédiate des institutions de formation, de recherche et développement, et de transfert de technologie. Et les microtechniques ne sont-elles pas au centre de la naissance des robots?

Deux domaines forts de la région, l’horlogerie et les technologies médicales, sont aussi susceptibles d’être particulièrement sensibles à cette nouvelle façon de produire.

Le luxe autant que la médecine «connaissent une tendance à la personnalisation», explique Philippe Grize. De plus, la rapidité des innovations, dictée dans un cas par la recherche médicale et dans l’autre par la mode, profiterait d’un appareil de production réactif et connecté à ses utilisateurs.

«Pour les entreprises, ces évolutions présentent des avantages», selon Philippe Cordonnier, responsable romand de Swissmem (faîtière de l’industrie des machines), «Elles offrent des autres manières de se tourner vers les clients pour offrir de nouveaux produits.» Mais «seules celles qui investiront pourront monter dans le train». Il s’agit en premier lieu d’initier une «stratégie digitale» et d’impliquer les collaborateurs et le management dans un processus complexe. Swissmem a d’ailleurs mis en place, avec d’autres organisations, le site Industrie2025.ch, pour soutenir les entreprises dans ce but.

Qui en sort gagnant?

Et l’emploi? Différents rapports, notamment celui établi en 2011 par l’International federation of robotics, démontrent les bénéfices de la robotisation pour la production industrielle: une dynamique créatrice de nouveaux marchés et d’emplois. Mais le dernier numéro de la MIT Tech Review (Etats-Unis), paru dimanche, plonge son nez dans les chiffres, et ça ne sent pas aussi bon: «La troublante réalité, c’est que l’impact des progrès technologiques sur la croissance est loin d’être impressionnant.» Pire, «pour le moment, elles échouent à transformer radicalement l’économie». Entre 1994 et 2004, les progrès d’Internet ont boosté la productivité (des employés américains). Depuis, c’est loin d’être aussi clair. «Les progrès sont très lents. Introduire ces changements ne se fait pas comme pousser un bouton», constate la revue.

En attendant, «les inégalités (aux Etats-Unis) s’accroissent», constate le journal, «les gains de productivité ne profitant qu’à une petite catégorie de personnes. Nous sommes à la veille d’une crise de l’emploi. Faut-il partager les richesses créées par les robots?»

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