Pièce maîtresse du futur RER neuchâtelois, le TransRun passe ce mardi soir sous la loupe des députés. La votation populaire étant déjà agendée au 23 septembre, le Grand Conseil doit voter le projet encore le soir même pour des raisons de délais.
Pour mémoire, le TransRUN prévoit la construction d'une liaison ferroviaire directe entre Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds, avec arrêt unique à la nouvelle gare de Cernier en remplacement du tracé actuel. La distance par le rail entre les deux villes passera de 29,5 km à 16,7 km.
Le temps de parcours sera réduit de moitié et la fréquence des trains portée au quart d'heure. Cette nouvelle liaison pourrait voir le jour à l'horizon 2020.
Le coût du RER est de 919 millions de francs. Avec la participation des CFF de 241 millions et l'octroi d'un éventuel soutien de 110 millions via le fonds d'agglomération, le coût passerait ainsi de 919 à 560 millions à la charge du canton et des communes.
Projet magnifique, mais...
L'argent étant le nerf de la guerre, il a constitué l'argument massue de certains à l'heure des premières prises de parole du débat général. «C'est un projet magnifique et le rapport est très bien fait, mais en avons-nous les moyens, voulons-nous réellement assainir les finances de ce canton», s'est exclamé le chef du groupe UDC Raymond Clottu.
«C'est bien malheureux, mais on ne peut pas vendre un tel projet à la population avec le risque d'un endettement exponentiel». Retournant le couteau dans la plaie, il a souligné: «Si nous avions su anticiper, si nous avions su économiser». Jugeant qu'il n'est pas responsable de mettre le canton «dans une situation si précaire», une bonne partie du groupe n'entrera pas en matière.
Le PLR, parti du ministre de tutelle du projet Claude Nicati, est dans sa grande majorité favorable au projet. Selon Pascal Sandoz, le TransRun est un véritable condensé de l'histoire neuchâteloise avec ce qu'on peut craindre de pire mais aussi de meilleur. «Le RER n'est pas une simple liaison entre La Chaux-de-Fonds et Neuchâtel», a-t-il insisté. «Il s'agit de ne pas se tirer une balle dans le pied».
La gauche est favorable au projet. Parfois en termes dithyrambiques. Le député Vert Laurent Debrot s'est lancé dans un long exposé historique rappelant certaines similitudes avec la construction de la ligne actuelle au 19e. Il s'est en revanche abstenu de dire, comme le lui a rappelé avec humour le conseiller d'Etat Claude Nicati, que l'affaire s'était soldée à l'époque par la démission in corpore du Conseil d'Etat.
La croisée des chemins
«Nous sommes à la croisée des chemins», a plaidé avec force M.Nicati. Selon lui, la variante choisie est la seule qui permette un retour sur investissement. Pas question de maintenir les deux tracés, l'ancien et le nouveau. Ce serait vraiment au-dessus des moyens du canton. Mais il faut informer les populations qui se sentent lésées et leur expliquer ce qu'elles ont aussi à y gagner.
Le Conseil d'Etat tient à associer l'ensemble du peuple à la décision. Alors que le référendum financier obligatoire n'existe plus dans le canton depuis une dizaine d'années, il a décidé de soumettre ce «projet très coûteux» au scrutin populaire.