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La présence militaire suisse au Kosovo reste utile, estime le chef de l'armée

Les habitants du Kosovo et de Bosnie-Herzégovine vivent désormais en paix. Au Kosovo, les forces internationales de la Kfor, fortes en 1999 de 50000 hommes de 30 nations, ont été progressivement réduites à 5500 soldats. La Suisse, elle, a prolongé le mandat de la Swisscoy jusqu'en 2017. Le commandant de corps André Blattmann, chef de l'armée, s'en félicite. Interview.

27 déc. 2014, 16:54
Le commandant de corps André Blattmann reçoit les honneurs au quartier général de la KFOR, à Pristina.

Note: Une erreur de codage a privé nos lecteurs d'une partie de notre contribution sur le Noël des soldats de la Swisscoy au Kosovo, élément que nous reproduisons ci-après./réd

 

Qu’apporte la présence de l’armée suisse au Kosovo et en Bosnie?
Nous contribuons à assurer la sécurité. C’est très important. Car sans sécurité sur le plan militaire comme sur le plan juridique, aucun progrès n’est possible, que ce soit sur le plan économique, sur celui de la formation et de l’emploi, dans les domaines de la santé et de l’environnement.
La Suisse n’est-elle pas trop petite pour jouer dans la cour des grands?
Il ne s’agit pas d’un jeu, mais d’une mission très importante, dont la qualité est reconnue par ces «grands» dont vous parlez.
Je vous raconte juste une anecdote: un jour les Américains devaient construire un pont, et ils ont fait appel aux troupes de pionniers de la Swisscoy.
Il faut noter aussi que, sur le plan quantitatif, l’importance numérique relative de notre présence n’a fait que croître, vu la réduction des effectifs internationaux. Nous avions en 2014 220 hommes sur place. Ils seront 235 en 2015, soit le maximum possible selon le mandat donné par le Parlement.
La situation actuelle paraît calme. Pourquoi maintenir ici une présence qui coûte près de 42 millions de fr. par an?
Vous l’avez constaté vous-même: la situation reste tendue au nord, dans la région de Mitrovica. Il n’y a plus de confrontation armée, mais les populations restent hostiles les unes envers les autres. Nous avons assisté à une lente amélioration au fil des années, mais il serait faux d’en tirer la conclusion qu’il n’y a plus de problème et qu’il n’y a plus aucun risque d’explosion. Ce qui sera décisif, c’est le développement du pays. C’est important non seulement pour les habitants, dont la moitié ont moins de trente ans sont pour la plupart au chômage, mais aussi pour l’Europe et pour la Suisse. Si le pays se développe et offre des emplois, la sécurité  va continuer de se renforcer et les gens resteront au pays ou y retourneront. Dans le cas contraire, on ne peut pas parier sur une stabilité durable.
Quel est le tableau actuel de la sécurité?
La situation est inégale. Au sud, on peut dire qu’il n’y a plus de problème sécuritaire. On voit le dynamisme et la joie des gens. Au nord, à l’inverse, la tristesse et la lourdeur du climat social et politique sont palpables. A Mitrovica, la situation reste tendue. La Serbie, ne reconnaît pas l’indépendance du Kosovo et les deux communautés restent séparées. 
Pourquoi les soldats suisses n’ont-ils pas le droit d’entretenir des contacts avec la population civile?
Nous sommes ici sous le commandement de la Kfor, donc de l’Otan, dont nous suivons les directives. Seules les membres des équipes de liaison et de surveillance (réd: LMT - Liaison and monitoring team) sont en contact direct et permanent avec la population, puisque leur tâche est justement de prendre le pouls de la population. Mais les militaires sont ici pour faire un travail. 
Sur le fond, il est tout à fait juste que les troupes ne fraternisent pas avec la population. Lorsque l’on fraternise, on n’est plus objectif, on risque de prendre parti pour l’un ou l’autre camp. La Swisscoy applique vis-à-vis de toutes les parties une «neutralité bienveillante».
Cette «marque de fabrique» helvétique est-elle appréciée?
Les communautés comprennent très bien le rôle que nous jouons. La Swisscoy n’est pas une troupe d’intervention. Les gens savent qu’ils peuvent nous parler, quelle que soit leur appartenance ethnique. Un solide rapport de confiance a été construit avec toutes les communautés.
Des troupes étrangères c’est aussi un apport économique. Cela joue-t-il un rôle dans l’acceptation La Kfor par la population?
C’est vrai. Cet apport n’est pas négligeable. La présence de cette force internationale génère des centaines d’emplois civils, avec des salaires mensuels, par exemple pour un interprète, pouvant aller jusqu’à 600 à 700 euros, alors que le salaire moyen tourne autour de 250 à 300 euros. 
C’est le septième Noël que vous passez auprès des troupes suisses dans les Balkans. C’est important pour elles?
Je ne prétends pas remplacer les familles de ces soldats. Mais je crois que c’est important que chacun d’eux sache que la Suisse apprécie leur sacrifice. C’est important de les remercier de renoncer à beaucoup de plaisirs et aux retrouvailles en famille pour que d’autres, ici, puissent passer un Noël paisible. Important aussi de leur rappeler qu’ils sont ici pour répondre à un appel et accomplir une mission qui leur est confiée par le parlement. 

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