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"Elle était déterminée à mourir": une infirmière neuchâteloise témoigne

Depuis trois ans, les homes neuchâtelois ont l'obligation de tolérer les associations d'aide au suicide dans leurs murs. Le témoignage d'une infirmière qui a vécu un décès sur son lieu de travail.

22 nov. 2017, 17:38
/ Màj. le 22 nov. 2017 à 18:33
Charlotte a vécu un suicide assisté au sein de l'établissement où elle travaille.

«Cette dame était déterminée. Nous savions que si sa vie devait ne plus lui convenir, elle ferait appel à Exit. Et un jour, elle nous a mis devant le fait accompli. Sa mort allait avoir lieu tel jour à telle date», raconte Charlotte*, pleine de compassion. Cette infirmière en gériatrie raconte comment elle a vécu le seul cas de suicide assisté survenu dans l’institution où elle travaille. C’était il y a quelques mois, l’équipe n’a pas eu voix au chapitre, la décision de la résidente, bien qu’établie dans un home, étant du ressort personnel.

C’est la bénéficiaire elle-même qui a informé Charlotte de sa volonté de mourir. Avec pour consigne de ne pas en parler au reste de l’équipe. «Elle avait peur d’être jugée. Mais c’était difficile à respecter. J’aurais dû mentir par omission à mes collègues qui l’appréciaient beaucoup. Cette dame a finalement accepté que l’information soit donnée, avec pour consigne que le personnel ne lui parle pas de sa volonté de mourir.»

La mort dans un panier d'osier

La semaine précédant le suicide assisté a été rude. Les jours qui filent, trop vite et pas assez vite en même temps. Pour le personnel, forcé de faire «comme si de rien n’était», la situation n’est pas aisée. Inconfort, peur de dire une bêtise, peur de laisser déborder ses émotions. Deux soignants ne parviennent plus à franchir la porte de la chambre où se déroulera, quelques jours plus tard, une mort programmée.

Et puis est arrivé ce jour tant redouté par l’équipe. «Une dame s’est présentée avec un panier en osier recouvert d’un drap. Dedans, il y avait la solution létale. Ça fait bizarre de voir que la mort est recouverte par un simple drap, dans un panier.» Le départ s’est fait en toute intimité, avec la famille, dans la chambre de la résidente. L’équipe n’était pas présente.

Pour certains, l’aide proposée par la direction du home a été la bienvenue. Et pour tous, la leçon de vie fut exemplaire. «Quelle autodétermination elle avait», réfléchit à haute voix Charlotte, pleine d’admiration pour cette patiente qu’elle aimait beaucoup. «Je ne juge pas ceux qui ont recours à des associations comme Exit. Je trouve que c’est une décision très courageuse. Mais ma position de soignante me fait dire qu’il y a des alternatives. Toujours.»

>> A lire aussi: Trois ans après l'introduction de la nouvelle loi sur le suicide assisté dans les homes neuchâtelois, les soignants s'expriment

*Prénom d'emprunt

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