Alors que s'est ouvert mercredi à Genève le Salon du livre, où l'on peut visiter, notamment, une exposition sur Blaise Cendrars, l'écrivain et journaliste neuchâtelois Jean Buhler rappelle qu'il a été le premier à révéler le secret de la naissance de Frédéric Louis Sauser, alias Blaise Cendrars.
L'auteur neuchâtelois, aujourd'hui âgé de 93 ans, a publié, en 1960, un ouvrage intitulé "Blaise Cendrars - homme libre - poète au coeur du monde." Il y révèle, pour la première fois, que le futur auteur de "L'Or" est originaire de Sigriswil (BE) et né à La Chaux-de-Fonds.
Si Jean Buhler éprouve la nécessité de rappeler, comme il dit, son "modeste apport à l'histoire des lettres françaises", c'est qu'un ouvrage collectif récent de spécialistes attribue la révélation des origines de Blaise Cendrars à l'écrivain et poète Hugues Richard.
Ce dernier, spécialiste reconnu de Blaise Cendrars, a effectivement "révélé" cet élément, en 1979, dans une brochure parue dans la collection de la Revue neuchâteloise intitulée "Sauser avant Cendrars." Il y publiait une photographie du registre des naissances, où l'on peut lire que Frédéric Louis Sauser est né rue de la Paix 27, à La Chaux-de-Fonds, le 1er septembre 1887, à 7h45 du soir. Pour sa part, dans son livre de 1960, Jean Buhler avait publié les mêmes informations, sous la forme d'un extrait du registre, daté du 2 novembre 1957.
Jean Buhler a raconté toute l'histoire dans un texte publié en 1989 dans une revue et republié en 1999 dans son ouvrage "Des Racines sous la neige."
Que des chercheurs universitaires ignorent tous ces textes, accessibles dans toutes les bibliothèques et visible d'un coup de clic sur internet, interpelle l'écrivain neuchâtelois. En 1987, lors des événements autour du centenaire de la naissance de Blaise Cendrars, les travaux d'Hughes Richard avaient été présentés. C'est pourquoi Jean Buhler, dans l'extrait vidéo qui accompagne notre article, s'insurge de ce que la découverte d'Hughes Richard est intervenue 27 ans après la sienne, et non 19 ans.
A la mi-avril, il a écrit une lettre assez salée aux deux responsables de l'ouvrage collectif "Aujourd'hui Cendrars 1961-2011", (Cahiers Blaise Cendrars No 12), Myriam Boucharenc et Christine Le Quellec Cottier, directrice du Centre d'études Blaise Cendrars. Le 28 février dernier, cette dernière a fait amende honorable. "Je regrette vivement, écrit-t-elle à Jean Buhler, que vous ayiez pu vous sentir méprisé par notre préface qui, par erreur, vous ignore. Je reconnais tout à fait que les choses ont été dites trop vite et qu'il y a lieu de corriger la maldonne."
Elle s'est engagée, nous a confié Jean Buhler, à corriger l'erreur "oralement", en en parlant à l'occasion d'événements publics ou de colloques. Cette réparation lui semble insuffisante. En homme de l'écrit, il aimerait que soit rétablie par écrit sa paternité sur cette révélation. Ce sera chose faite prochainement. Un rectificatif en bonne et due forme paraitra dans le prochain numéro de la revue de référence "Continent Cendrars."
Hughes Richard, que nous avons contacté, reconnaît lui aussi sans aucune ambiguité l'antériorité des découvertes de Jean Buhler.