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Un thriller archéologique sur la mort de Richard III passionne l'Angleterre

L'ADN d'un menuisier, en principe descendant de Richard III mort en 1485, pourrait permettre d'identifier si le squelette découvert sous un parking de Leicester est bien celui du monarque. Les résultats seront connus à la fin de l'année.

14 oct. 2012, 10:58
Le squelette a été découvert en septembre dernier à Leicester.

Le thriller archéologique réveille des passions ancestrales au Royaume-Uni: on compte sur l'ADN d'un menuisier pour établir si le squelette déterré sous un parking municipal de Leicester appartient bien au très controversé Richard III, mort en l'an de grâce 1485.

Les résultats des examens - ADN, datation au carbone et autres analyses isotopiques - sont attendus d'ici à la fin de l'année. Quel que soit le verdict, force est de constater qu'un cadavre a été sorti du placard: les historiens s'empoignent à propos des méfaits réels ou supposés du dernier roi Plantagenêt. Et les supputations galopent quant à l'endroit approprié pour sa dernière sépulture.

L'unanimité se fait sur deux points. Le monarque a péri les armes à la main à la bataille de Bosworth Field, à proximité de Leicester, dans le centre de l'Angleterre. Son décès a eu pour mérite de mettre un terme à "la guerre des deux roses": rose blanche, symbole des York, contre rose rouge, emblème des Lancaster. Le reste relève de la controverse.

Une flèche dans les vertèbres

Selon divers écrits, le roi reposait dans la chapelle de moines franciscains, rasée au XVIe siècle. D'après la rumeur, sa dépouille aurait été jetée à la rivière Soar.

Armés de solides convictions, d'un plan moyenageux marquant l'emplacement de la chapelle, et d'une pelleteuse, des experts du département d'archéologie de l'université de Leicester attaquent le macadam d'un parking du centre-ville, fin août. Début septembre, ils découvrent le cadavre bien conservé d'un homme à la colonne vertébrale déformée. La pointe d'une flèche encore plantée à hauteur des vertèbres. Le crâne fendu par un objet tranchant.

"Les blessures s'apparentent aux coups mortels infligés sur un champ de bataille, compatibles avec ce que nous savons du destin de Richard", avance à l'AFP Jo Appleby, assistante en bio-archéologie humaine. On sait par ailleurs que le disparu était frappé de scoliose.

"On n'est pas sûr à 100% qu'il s'agisse bien du roi" temporise Richard Buckley, codirecteur du département archéologique. "C'est un candidat très sérieux, mais il convient d'attendre le résultats d'ADN" prélevé sur des dents et un fémur.

Un descendant embarrassé

C'est ici qu'entre en scène Michael Ibsen. Le paisible menuisier londonien d'origine canadienne a appris en 2007, à 50 ans, qu'il descendait de la soeur de Richard III, Anne d'York.

Sa fierté se teinte d'embarras. "Franchement, on préfère être apparenté à quelqu'un de célèbre pour ses bienfaits, plutôt qu'à un meurtrier barbare, si l'on en croit Shakespeare," dit-il à l'AFP. Le dramaturge William Shakespeare a immortalisé Richard III sous les traits d'un tyran bossu ayant fait trucider deux neveux qui lui barraient l'accès au trône d'Angleterre.

Dix-sept génération plus tard, l'artisan-neveu trouve son sort plus enviable. A la BBC, il confie: "Au moins, quand je sors déjeuner à Archway (un quartier de Londres) personne n'essaye de me décapiter."

"Dénigré par les Tudors"

Le mystère "du roi du parking" fait les délices des tabloïdes. Et les 3500 adhérents de la société des amis de Richard III y voient l'occasion inespérée de réhabiliter leur héros, dénigré par "la propagande des Tudors" dont se serait inspirée Shakespeare.

"La vérité est plus forte que le mensonge", assure le duc de Gloucester, président de l'amicale qui conteste la thèse du double assassinat, juge que le monarque n'était ni plus ni moins violent que son époque, qu'il défendait les pauvres et la diffusion des écrits.

Professeur d'histoire médiévale à l'université de Winchester, Michael Hicks soupçonne les sociétaires de vouloir réécrire l'histoire "avec des vues extrêmes et romantiques". Le fait est que Richard sent toujours le soufre, 527 ans après sa mort.

Le "Times" croit savoir qu'Elizabeth II verrait d'un mauvais oeil l'éventuel transfert de sa dépouille en l'abbaye de Westminster, où reposent nombre de monarques. Et où figure depuis 1764 une plaque, présentant le dernier Plantagenêt comme un usurpateur aux mains souillées de sang.

Conscients du problème, les amis de Richard III s'accommoderaient d'une inhumation en la cathédrale de Leicester, si le roi du parking est celui qu'on croit.

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