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Soudan du Sud: volonté de cessez-le-feu mais les combats continuent

Le Soudan du Sud est déchiré depuis le 15 décembre par des combats alimentés par une rivalité entre le président Salva Kiir et son ex-vice président Riek Machar, limogé en juillet. Le conflit aurait déjà fait des milliers de morts et 180'000 déplacés.

31 déc. 2013, 20:12
A displaced family stand by their makeshift shelter at a United Nations compound which has become home to thousands of people displaced by the recent fighting, in the Jebel area on the outskirts of Juba, South Sudan Tuesday, Dec. 31, 2013. Anti-government rebels took control of nearly all of the strategic city of Bor on Tuesday even as officials announced that representatives from the government and the rebels had agreed to hold talks for the first time. (AP Photo/Ben Curtis)

 Le gouvernement sud-soudanais et les rebelles fidèles à l'ex vice-président Riek Machar ont accepté des pourparlers sur un cessez-le-feu, a rapporté l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad). Les combats se poursuivent cependant dans la ville stratégique de Bor.

Riek Machar a affirmé mardi ne pas être prêt à un cessez-le-feu, ni même à rencontrer dans l'immédiat le président Salva Kiir. Il a cependant confirmé l'envoi d'une délégation dans la capitale éthiopienne Addis Abeba pour entamer des pourparlers de paix avec le gouvernement de Juba.

Il a souligné que la rébellion a, malgré le démenti de l'armée sud-soudanaise, bel et bien repris le contrôle de la ville stratégique de Bor, capitale de l'Etat du Jonglei (Est). Depuis le début des combats mi-décembre, c'est la troisième fois que la ville change de mains.

"Nous n'avons pas réclamé cette bataille, elle nous a été imposée", a ajouté mardi Riek Machar. Il a une nouvelle fois démenti avoir déclenché les récents combats en tentant de s'emparer du pouvoir par la force comme l'en accuse Salva Kiir.

Le gouvernement sud-soudanais a également annoncé l'envoi d'une délégation en Ethiopie, mais il a exclu toute idée de partage du pouvoir avec Riek Machar.

Des dirigeants de pays d'Afrique de l'Est et de la Corne de l'Afrique, réunis au sein de l'Igad, avaient donné jusqu'à mardi aux deux rivaux pour cesser les combats et entamer des pourparlers.

Dimension tribale

Le Soudan du Sud est déchiré depuis le 15 décembre par d'intenses combats alimentés par une rivalité entre le président Salva Kiir et son ex-vice président Riek Machar, limogé en juillet. Le premier accuse le second de tentative de coup d'Etat. Riek Machar nie et reproche à M. Kiir de chercher à éliminer ses rivaux.

Le conflit aurait déjà fait des milliers de morts et 180'000 déplacés. Des informations ont aussi émergé sur des massacres, viols, meurtres à caractère ethnique.

Car si les combats sont alimentés par une vieille rivalité politique, ils revêtent aussi une dimension tribale : le conflit entre les deux hommes utilise et exacerbe les antagonismes entre Dinka, tribu de M. Kiir, et Nuer, celle de M. Machar.

"Moyens pacifiques"

Dans un entretien diffusé mardi par la BBC, Salva Kiir a assuré vouloir régler le conflit par des "moyens pacifiques", tout en excluant tout partage de pouvoir avec son ex-vice président.

"Cet homme est un rebelle. Si vous voulez le pouvoir, vous ne vous rebellez pas pour recevoir le pouvoir", a-t-il déclaré. "Quand je suis arrivé (au pouvoir), je ne l'ai pas fait via un coup militaire, je suis venu (au pouvoir) élu par le peuple".

Union africaine

Ex-commandant rebelle lors de la guerre civile qui opposa longtemps Khartoum à Juba avant la signature d'un accord de paix en 2005, Salva Kiir avait été élu président peu de temps avant l'accès à l'indépendance du Soudan du Sud en juillet 2011.

Parallèlement, l'Union africaine a haussé le ton. Elle a promis des "sanctions ciblées" à tous ceux qui "inciteraient à la violence, y compris suivant des clivages ethniques (...) poursuivraient les hostilités" ou "commettraient des actes de violence contre les civils et les combattants désarmés".

"Un premier pas"

Au-delà des dirigeants régionaux, d'autres pays s'activent pour tenter d'enrayer la crise. Les Etats-Unis, parrains de l'indépendance du Soudan du Sud et son principal soutien depuis, multiplient les efforts mais disent faire face à une situation "très compliquée et précaire".

Leur émissaire, Donald Booth, a salué depuis Juba l'envoi des délégations à Addis comme "un premier pas, mais premier pas important".

Inquiétudes des ONG

D'après l'ONG Médecins Sans Frontières, quelque 70'000 civils ont fui Bor et cherché refuge dans la ville d'Awerial, dans l'Etat voisin des Lacs. Il n'ont ni accès à de la nourriture, ni à de l'eau potable et à des abris.

"Les conditions de vie de ces populations sont catastrophiques", dit MSF dans un communiqué. Selon les chiffres de l'ONU, 75'000 personnes ont cherché refuge dans les bases des Nations unies, sur 180'000 déplacés au total.

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