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Bosnie: les Serbes de Bosnie ont voté pour garder leur propre "fête nationale"

Les électeurs de Bosnie ont dû voter au sujet de la pérennité de leur fête nationale en date du 9 janvier. Les résultats temporaires annoncent que la victoire du oui est d'ores et déjà très probable.

25 sept. 2016, 21:23
La population bosnienne a dû se prononcer sur le maintien de sa propre fête nationale.

Les Serbes de Bosnie ont voté dimanche pour garder ou non, par référendum, leur propre "fête nationale". Ce malgré l'émoi des musulmans bosniaques, de l'opposition de la communauté internationale et le coup porté aux institutions du pays.

Encouragé par Moscou, le turbulent leader politique des Serbes de Bosnie, Milorad Dodik a demandé au 1,2 million d'électeurs de confirmer qu'ils veulent commémorer chaque 9 janvier la naissance de la "République du peuple serbe", trois mois avant la guerre qui avait fait 100000 morts (1992-95).

Le vote s'est terminé à 19h00 sans incident notable. Selon des chiffres communiqués deux heures avant, un peu plus d'un électeur sur deux avait voté à 17h00. Les résultats provisoires doivent être annoncés dans la soirée, mais la victoire du oui est probable.

 

"Je suis venu voter parce que chaque nation et chaque Etat a sa propre fête nationale. Ainsi, notre peuple serbe doit avoir sa fête", a expliqué Vojo Vujakovic, 60 ans, électeur de Laktasi, le village de Milorad Dodik, près de Banja Luka, la capitale des Serbes de Bosnie.

Ce sentiment illustre la fragilité de la Bosnie née des accords de Dayton, qui ont mis fin à la guerre et dont la cohésion ne tient depuis que par la volonté de la communauté internationale: une fédération entre deux entités, une croato-musulmane et une serbe, réunies par des institutions de moins en moins respectées.

Comme Vojo Vujakovic, de nombreux Serbes de Bosnie se reconnaissent comme appartenant au peuple serbe ou comme membres de la "Republika Srpska", pas comme citoyens de la Bosnie.

Référendum d'indépendance

Le scrutin de dimanche est-il, comme le soupçonne le patron des bosniaques musulmans, Bakir Izetbegovic, un "ballon d'essai" pour Milorad Dodik et un premier pas vers une sécession?

Le parti du leader serbe prévoit un référendum d'indépendance en 2018. Et M. Dodik, parti à Moscou rencontrer Vladimir Poutine avant le scrutin, accuse régulièrement les Bosniaques et les autorités de Sarajevo de vouloir la fin de la "Republika Srpska".

Mais un responsable politique des Serbes de Bosnie, Mladen Ivanic, opposant à Milorad Dodik, a assuré qu'un tel référendum d'indépendance n'aurait pas lieu: "C'est de l'aventurisme auquel je ne participerai certainement pas."

Tensions

Bakir Izetbegovic avait provoqué la colère des Serbes de Bosnie en contestant la légalité de cette fête auprès de la Cour constitutionnelle.

"S'ils pouvaient, ils nous interdiraient tout", dit après avoir voté Radovan Bajic, 67 ans. Mais "nous devons aussi avoir nos fêtes. Si la Republika Srpska a été créée ce jour-là, on ne peut pas changer ça et dire que c'était le 1er décembre."

Dimanche, Bakir Izetbegovic s'est employé à apaiser les tensions: "Il n'y aura pas de guerre et personne ne détruira la Republika Srpska. Nous allons prendre soin de ce pays, de l'accord de paix de Dayton et tous les citoyens, Serbes, Croates et Bosniaques."

"Le référendum va passer et la Bosnie-Herzégovine va rester", avait-il déjà relativisé samedi soir.

Probable oui

La date du 9 janvier pour cette "fête nationale" est sensible: parmi les fondateurs de la "République du peuple serbe", figure Radovan Karadzic, théoricien de l'épuration ethnique, condamné à 40 ans de prison pour génocide et crimes contre l'humanité.

Milorad Dodik devait d'ailleurs aller fêter dimanche soir la probable victoire du oui par un meeting à Pale, l'ancien fief de Karadzic.

En début de soirée, les voitures se dirigeant vers cette ville étaient contrôlées par des policiers armés de kalachnikov.

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