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France: le fabricant de prothèses mammaires frelatées entame sa défense

Reclus dans le sud de la France, le fondateur de la société de prothèses mammaires PIP a commencé, via son avocat, à s'expliquer face au scandale de santé publique qui s'étend dans le monde, de l'Europe à l'Amérique latine.

28 déc. 2011, 17:00
La France propose de retirer à titre préventif les prothèses mammaires PIP.

Il ne nie pas avoir utilisé un gel de silicone non agréé, alors qu'une nouvelle plainte a été déposée.

Visé en France par deux enquêtes judiciaires, pour "tromperie aggravée" et "homicides involontaires", Jean-Claude Mas, 72 ans, "ne souhaite pas s'exprimer" publiquement "par respect pour la souffrance" des femmes qui portent ces implants en silicone potentiellement défectueux, a assuré son avocat Me Yves Haddad.

Présenté par ses ex-employés comme une espèce de "professeur Nimbus", l'homme que des photographies anciennes montrent barbu et à moitié chauve se remet à son domicile d'une opération, selon son avocat.

Il ne nie pas avoir utilisé un gel de silicone non agréé par les autorités sanitaires pour fabriquer ses implants commercialisés en France, aux Pays-Bas, en Italie, au Venezuela, au Brésil ou encore en Argentine. "Pourquoi a-t-il fait cela? Parce que c'était moins cher. C'est peut-être honteux mais c'est comme ça. Nous vivons dans un monde capitaliste", a expliqué sans détour Me Haddad.

Mesure lancée récemment

M. Mas affirme toutefois que le produit ne présentait aucun danger pour la santé des centaines de milliers de femmes qui se sont fait poser ces prothèses jusqu'en mars 2010, lorsque l'agence française de sécurité sanitaire a ordonné leur retrait du marché.

Le gel industriel frelaté qui remplaçait frauduleusement le gel médical initialement déclaré est soupçonné d'être à l'origine d'un taux anormal de ruptures de la prothèse.

L'affaire, révélée à l'automne 2010, a rebondi après l'annonce de cancers chez plusieurs femmes porteuses de prothèses PIP, dont deux seraient décédées. Le lien entre les cancers et le port de ces implants n'est toutefois pour l'instant pas directement établi.

Procès en automne 2012

Quelque 2000 plaintes ont été déposées en France et le gouvernement français vient de recommander le retrait "à titre préventif et sans caractère d'urgence" des implants PIP. Le Venezuela a annoncé de son côté la gratuité de l'opération pour les femmes qui le souhaitent.

Le procès pour "tromperie aggravée" est prévu à l'automne 2012, tandis que l'enquête pour "homicide involontaire" ne fait que commencer.

Le parquet de Marseille a reçu la plainte contre X déposée mardi par la Caisse nationale d'assurance maladie (CNAM) dans le cadre de l'instruction ouverte à l'encontre de la société PIP, a indiqué mercredi une source judiciaire.

La CNAM avait annoncé samedi son intention de porter plainte pour "tromperie aggravée et escroquerie", estimant avoir été abusée quant au caractère non conforme des prothèses incriminées.

Une ramification du scandale aux Etats-Unis a été exhumée ces derniers jours: l'autorité sanitaire américaine (Food and drug administration, FDA) avait dès 2000 fait état de "graves violations" dans le processus de fabrication d'autres prothèses PIP, remplies celles-là d'une solution saline.

Fausse rumeur

Me Haddad a aussi démenti une rumeur, lancée sur une radio par un chirurgien qui fréquentait son client à l'occasion de congrès médicaux et reprise par les médias, selon laquelle M. Mas était un ex-charcutier reconverti dans la production de matériel sanitaire.

Titulaire d'un diplôme universitaire d'études scientifiques, qui sanctionne le premier niveau d'études supérieures, M. Mas a oeuvré d'abord une dizaine d'années comme délégué médical, c'est-à-dire représentant d'une firme de médicaments auprès des médecins.

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