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France: la justice se penchera vendredi sur la légalité de l'interdiction du burkini

La justice française se penchera vendredi sur la légalité de la trentaine d'arrêtés municipaux interdisant le burkini. Le débat est houleux en France, tandis que des pays comme l'Allemagne ou les Etats-Unis ne comprennent pas les raisons de cette interdiction.

25 août 2016, 18:31
Le burkini est notamment interdit sur les plages de Cannes et de Nice.

La plus haute juridiction administrative française, le Conseil d'Etat, se prononcera vendredi sur l'interdiction du burkini sur plusieurs plages. La décision suscite émoi et controverse dans le pays comme à l'étranger, et divise jusqu'au sein du gouvernement.

Saisi du dossier jeudi, le Conseil d'Etat a promis de rendre sa décision vendredi à 15h00. Ce cadre légal est d'autant plus attendu qu'au moins une femme musulmane portant un simple foulard sur la plage a déjà été verbalisée.

Les juges doivent examiner la requête déposée par la Ligue des droits de l'homme (LDH) et le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF). Ces organisations demandent la suspension en urgence d'une interdiction du burkini, décidée par une station balnéaire de Côte d'Azur.

En réalité, c'est la légalité de la trentaine d'arrêtés municipaux similaires pris en France cet été qui est en jeu. Les textes, sans mentionner le terme de "burkini", exigent le port sur les plages de tenues respectueuses "des bonnes moeurs et de la laïcité". Mais ce sont bien les tenues de bain islamiques couvrant le corps des cheveux aux chevilles qui sont visées.

La proportionnalité en question

Face aux divisions qui font jour sur cette question jusque dans son propre camp, le président français François Hollande a appelé jeudi à ne céder ni à la "provocation" ni à la "stigmatisation". Il ne s'est toutefois pas prononcé sur le bien-fondé des arrêtés anti-burkini.

Rien n'interdit en principe aux maires en France de restreindre les libertés fondamentales pour préserver l'ordre public, mais leurs mesures doivent être "proportionnées". La définition même de "l'ordre public" est en jeu, dans un pays qui s'enflamme régulièrement sur la place de l'islam ainsi que sur la conception de la "laïcité".

La France a été la première en Europe à interdire le voile intégral, burqa ou niqab, dans tout l'espace public, en 2010. Le voile à l'école est, lui, prohibé depuis 2004.

Consternation à l'étranger

Le débat sur le burkini est suivi à l'étranger avec un mélange d'incompréhension et de consternation, surtout depuis la publication mardi soir de photos du contrôle, par quatre policiers municipaux, d'une femme voilée, mais pas porteuse d'un burkini, sur une plage de Nice. Ces photos ont fait la Une du New York Times.

La presse allemande a évoqué une "guerre de religion" et le maire de Londres Sadiq Khan a estimé que "personne ne devrait dicter aux femmes ce qu'elles doivent porter". Jeudi, à Londres justement, une cinquantaine de femmes ont installé une fausse plage devant l'ambassade de France pour protester contre l'interdiction du burkini.

Une mère en burkini s'est posée devant les marches de l'ambassade et a commencé à construire un château de sable avec ses deux enfants. Autour de la famille, des jeunes femmes en maillot de bain dansaient au son de l'accordéon en brandissant des pancartes "l'interdiction du burkini est raciste" ou encore "l'islamophobie n'est pas la liberté".

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