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Le patient acteur de sa guérison

Une meilleure récupération et des complications réduites.

10 oct. 2017, 01:02
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Réduction de la durée d’hospitalisation, récupération améliorée, diminution des complications post-opératoires: le protocole Eras, acronyme anglais qui signifie réhabilitation améliorée après chirurgie, cumule plusieurs avantages significatifs.

Depuis cinq ans, le département de chirurgie de l’Hôpital neuchâtelois (HNE) l’applique pour l’ensemble des interventions colorectales, électives ou non. L’HNE était d’ailleurs l’un des quatre premiers établissements hospitaliers du pays à décrocher une accréditation pour ce programme de prise en charge péri-opératoire multidisciplinaire.

Développé il y une vingtaine d’années par le professeur danois Henrik Kehlet, «ce protocole a la particularité d’impliquer tous les intervenants, à commencer par le patient lui-même», expose le Dr Christopher Sulzer, médecin-chef du service d’anesthésiologie de l’HNE.

«Auparavant, le patient vivait sa guérison de manière passive. Avec Eras, il devient actif. Le journal de bord que nous lui remettons le guide depuis l’opération jusqu’à sa sortie d’hôpital. Du fait qu’il comprend ce qui est fait et pourquoi, le processus de guérison se déroule de façon plus optimale. C’est un changement complet de paradigme dont les conséquences sont admirables.»

Avec ce programme, «on donne au patient du pouvoir dans sa guérison», ajoute le physiothérapeute Guillaume Jobin. «Le journal de bord l’aide à s’impliquer et nous permet de savoir comment il se porte et où il en est».

Optimisation de chacune des étapes

Concrètement, «Eras est une optimisation de toutes les étapes de la prise en charge de la personne, quel que soit son âge, avant, pendant et après l’opération», détaille le Dr Marc-Olivier Sauvain, médecin-adjoint au Département de chirurgie de l’HNE et chef de clinique au Chuv, à Lausanne.

Dix jours avant l’intervention, une équipe pluridisciplinaire (infirmière, diététicienne, physiothérapeute et médecin anesthésiste) rencontre le patient pour la préparation en amont (voir encadré).

Le processus implique une chirurgie minimalement invasive (laparoscopie) ainsi qu’un ensemble de mesures relativement simples pour la plupart d’entre elles. Le patient n’est par exemple plus rempli de liquide comme auparavant (ce qui avait tendance à provoquer des œdèmes), n’est plus astreint au jeûne complet (boire jusqu’à 2 heures avant l’opération est possible).

On lui épargne la pose systématique de sondes (contre 5 ou 6 auparavant), on le mobilise quelques heures après l’opération et on l’incite à reprendre une alimentation naturelle rapidement. «Avant, il fallait s’astreindre à un régime pauvre en fibres pendant une semaine ou deux. Rien n’est interdit à présent, les personnes peuvent s’alimenter en fonction de leur tolérance», indique la diététicienne Laurianne Vuille.

Prévention de la douleur

Améliorer le bien-être du patient passe par la prévention des nausées et vomissements. Des mesures prophylactiques sont administrées pour les minimiser. Une autre mesure importante du programme, c’est l’anticipation de la gestion de la douleur durant la phase post-opératoire, car une personne qui a mal ne bougera pas.

Le médecin anesthésiste propose une rachianesthésie, en plus de l’anesthésie générale, pour prolonger l’effet antalgique pendant les 24 heures qui suivent l’intervention. «A partir de là, les douleurs peuvent être gérées par une médication orale», détaille le Dr Sulzer.

Dans la mesure où le protocole Eras minimise le stress métabolique, «il permet de réduire les complications et de récupérer plus rapide», relève le Dr Sauvain. «Avec un effet collatéral bénéfique, qui est la diminution de la durée d’hospitalisation». Celle-ci est passée d’une durée moyenne de 12,8 jours à 6,3 jours, sans augmentation des réadmissions. 72 patients ont bénéficié d’une prise en charge colorectale Eras à l’HNE l’an dernier.

Pluridisciplinaire, ce programme a entraîné d’importants changements dans la manière de travailler. «Il oblige tous les domaines impliqués à communiquer entre eux, il contraint les spécialistes à se parler», se réjouissent les deux médecins.

Dans la mesure où les patients sont plus encadrés qu’auparavant, Eras implique un investissement des équipes plus important pendant l’hospitalisation.

Patients plus sereins

«Cela étant, nous avons constaté que les bénéfices étaient nombreux, aussi bien sur le plan physique que mental», fait remarquer Sandra Fernandes, infirmière en charge de la coordination du protocole. «Les personnes sont plus sereines aujourd’hui: grâce aux explications que nous leur fournissons au préalable et au journal de bord, c’est comme si elles tenaient en main la carte géographique d’un territoire inconnu qu’elles auraient à traverser».

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