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«L’état d’esprit a changé»

Des thérapies alternatives pratiquées à l’hôpital.

12 déc. 2017, 00:45
Hopital Pourtales, Neuchâtel, le 6 décembre 2017 Photo© Guillaume Perret / Lundi13 accuponcture

Les médecines alternatives essaiment dans les hôpitaux suisses depuis une quinzaine d’années. En consultation, en salle d’accouchement, au bloc opératoire, leur pratique se développe petit à petit, portée par une demande soutenue. Une tendance qui se renforce depuis le plébiscite des médecines complémentaires (MC) en votation populaire en 2009.

A l’Hôpital neuchâtelois (HNE), des thérapies alternatives cohabitent avec la médecine allopathique dans plusieurs services. A la maternité, des sages-femmes pratiquent l’acupuncture obstétricale, l’hypnose médicale, l’aromathérapie et la méthode N’Féraïdo, un travail sur le bassin pour lequel des nurses sont aussi formées. Dans le département d’anesthésiologie, une infirmière anesthésiste a élargi ses compétences à l’hypnose ainsi qu’une infirmière en salle de réveil. Le Dr Patrick Hasler, médecin-adjoint, termine quant à lui une formation de trois ans en hypnose médicale.

«Les femmes enceintes répondent très facilement à l’acupuncture», explique Sabine Illide Boulogne. Sage-femme cheffe du Département de gynécologie & obstétrique, elle avait introduit cette thérapie médicale chinoise au sein de la maternité de l’hôpital de La Chaux-de-Fonds en 2005. «L’acupuncture peut intervenir à tous les stades de la grossesse. Elle est préconisée pour soulager sciatiques, vomissements, angoisses, hémorroïdes, problèmes de sommeil ou influer sur la position des fœtus qui restent en siège. Dès la 37e semaine de grossesse, nous l’utilisons comme préparation à l’accouchement. La technique permet de préparer l’utérus, d’agir sur le périnée pour éviter les déchirures, d’apaiser au besoin la future maman. Durant le travail, elle s’avère utile en cas de contractions insuffisantes, d’anxiété ou pour gérer la douleur en l’absence de péridurale».

1000 consultations par an

L’acupuncture peut se poursuivre après la naissance pour traiter fatigue, stress, problèmes d’allaitement, de baby-blues voire l’accompagnement du deuil périnatal. Elle suscite un engouement croissant de la part des futures mères, toujours plus nombreuses à s’y intéresser. En plus d’assurer une garde 24h/24, les sages-femmes pratiquent l’acupuncture en ambulatoire trois jours par semaine. Elles ont donné 1000 consultations ambulatoires l’an dernier.

L’hypnose médicale est pratiquée par une quinzaine de sages-femmes de l’HNE depuis 2014 et quinze autres sont en formation. Une consultation ambulatoire est ouverte deux jours par semaine. Les indications? Préparation à la naissance, anxiété, insomnies et bientôt préparation à la procréation médicalement assistée... «La technique vise à familiariser les femmes avec l’autohypnose, qui les aidera en fin de grossesse et à l’accouchement», explique la sage-femme. Certaines futures mères essayent à la fois l’acupuncture et l’hypnose pour voir quelle méthode fonctionne le mieux pour elles.

Au bloc opératoire, l’hypnose se prête bien aux interventions pratiquées sous anesthésie locale: elle remplace le complément médicamenteux qui l’accompagne habituellement. Le Dr Hasler a utilisé cette méthode pour des opérations orthopédiques (retrait de plaques et vis) et gynécologiques. Il voit le patient une fois au préalable pour voir s’il se met en transe aisément. Puis durant l’intervention, il l’amène à mobiliser ses ressources personnelles en captant son attention.

«L’imagerie médicale a pu démontrer que certaines zones du cerveau sont activées pendant les phases de transe (état de vieille modifié)», expose l’anesthésiste. Sous hypnose, le patient est en mesure de dialoguer avec le chirurgien pendant l’intervention. Cela peut s’avérer utile si le cours de l’opération doit être modifié, mais surtout, on gagne en qualité.

Le patient acteur

Pour le Dr Hasler, cette approche réunit plusieurs avantages. A commencer par le fait que le patient participe à la démarche, il est actif. «En vingt ans, l’état d’esprit a changé, constate-il. Nombreux sont ceux qui veulent aujourd’hui être acteurs de leur prise en charge». En évitant l’apport médicamenteux, l’hypnose permet aux patients d’être sur pied plus vite et les dispense du séjour en salle de réveil. Autre bénéfice appréciable, des études ont montré qu’elle atténue les douleurs postopératoires.

Acupuncture ou hypnose, la pratique d’une méthode alternative à l’hôpital n’est possible que si tous les intervenants y adhèrent. «C’est forcément un travail d’équipe», insiste Sabine Illide Boulogne. «Notre démarche est portée par les médecins et soutenue par la direction, c’est motivant.» Le Dr Hasler, pour sa part, relève que «l’hypnose impose à l’équipe de travailler différemment: l’atmosphère doit être plus calme dans la salle d’opération, le chirurgien est tenu à un contrôle minutieux de ses gestes, ça peut être une pression supplémentaire. Mais au final, la prise en charge est sensiblement plus personnalisée.»

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