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Hiver doux, printemps à tiques

Entretien avec le Dr Olivier Clerc, spécialiste en infectiologie à l’HNE.

07 juin 2016, 01:24
ARCHIV --- Eine Zecke krabbelt auf der Hand einer Person, aufgenommen am 31. Mai 2004 in Muenchen, Deutschland. Gegen Zecken gibt es keine Impfung, warnt die Zeckenliga. Zwar schuetze eine Impfung vor der gefaehrlichen Hirnhautentzuendung FSME, jedoch nicht vor der weit haeufigeren Borreliose, wie die Zeckenliga in einer am 7. Mai 2008 neu aufgelegten Broschuere schreibt. (KEYSTONE/EPA/Stephan Jansen) SCHWEIZ ZECKEN BORRELIOSE

Profitant sans doute de l’hiver clément, les tiques sont précoces cette année. Actives à partir de 7 degrés, elles ont repris du service en mars déjà. Depuis, le nombre extrapolé de consultations pour piqûres est monté en flèche pour atteindre les 4000 visites médicales à la mi-mai (lire encadré), un record depuis l’introduction de la surveillance Sentinella piloté par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP).

Cet acarien est redouté pour deux agents pathogènes qu’il est susceptible de véhiculer, la bactérie responsable de la borréliose de Lyme et le virus à l’origine de la méningo-encéphalite verno-estivale (MEVE). Dans notre pays, entre 5 et 50% des tiques sont infectées par la bactérie. Quant à celles porteuses du virus, elles se concentrent en particulier dans des zones endémiques mouvantes, où les cas enregistrés sont dix fois plus élevés qu’ailleurs. Si aucun foyer n’a pour l’heure été décelé dans le canton de Neuchâtel, plusieurs sévissent dans son voisinage immédiat (sud du lac, Jura vaudois, quelques communes du Jura bernois).

Vaccin

«Nous avons dû hospitaliser deux patients gravement atteints aux soins intensifs», indique le Dr Olivier Clerc, médecin adjoint du département de médecine de l’Hôpital neuchâtelois et spécialiste en infectiologie. «L’un s’était fait piquer par une tique dans le haut du canton, l’autre dans la région d’Orbe». Dans les régions endémiques, l’OFSP recommande la vaccination contre l’encéphalite à tiques, dès l’âge de six ans. Vaccin qui consiste en l’injection de trois doses (deux à un mois d’intervalle, la troisième après 5-12 mois), remboursées par l’assurance de base. Un rappel s’impose tous les dix ans.

Le Dr Clerc conseille aux Neuchâtelois adeptes de sorties en plein air de se faire vacciner, «car on peut facilement se retrouver dans une zone endémique sans s’en rendre compte».

En l’absence de thérapie spécifique, les traitements se limitent à soulager les effets de la maladie. La méningo-encéphalite évolue en deux phases. Elle commence par des symptômes grippaux (fièvre, céphalées, fatigue, troubles articulaires) entre 7 et 14 jours après la piqûre.

Dans une majorité de cas, la maladie s’arrête là. Mais environ 10% des personnes atteintes subiront un second assaut avec atteinte du système nerveux central. Ce qui se traduit par des maux de tête, vertiges, difficultés de concentration, troubles de la parole et/ou de la marche pendant quelques semaines, voire plusieurs mois. Dans les cas les plus sévères, la maladie aboutit à une paralysie (bras, jambes ou nerfs faciaux) irréversible.

Gare aux plis de la peau!

Pas de vaccin, en revanche, contre la borréliose de Lyme. Cela dit, on peut se protéger efficacement, moyennant quelques précautions. A commencer par une minutieuse inspection des parties de son corps après une sortie en forêt. Gare aux plis de la peau! Ce parasite jette son dévolu sur les zones cutanées chaudes, fines et humides, avec une préférence pour l’arrière des genoux, les aisselles, cuisses, le cou, la nuque et le cuir chevelu des enfants.

La bestiole doit être retirée le plus vite possible, à l’aide d’une pince, pour éviter qu’elle n’ait le temps d’infecter son hôte: ce n’est que 16 heures après s’être fixée qu’elle nous contamine avec la bactérie. «Les tiques ne transmettent la maladie qu’une fois gorgées de sang, on a donc la possibilité de les extraire à temps», résume le Dr Clerc.

Le premier signe de la borréliose de Lyme, c’est une auréole rouge (érythème migrant) qui apparaît autour de la piqûre après quelques jours. Un traitement aux antibiotiques est nécessaire pour empêcher l’agent pathogène d’atteindre d’autres organes. Faute de quoi la maladie peut développer une deuxième phase, avec atteinte des articulations des genoux, méninges, cerveau, nerfs faciaux, peau et parfois le cœur. En moyenne, deux patients par an sont hospitalisés à l’Hôpital neuchâtelois pour des complications aiguës.

Traitement aux antibiotiques

Il est impératif de diagnostiquer cette infection à temps pour éviter de possibles lésions irréversibles. «C’est une bactérie que nous savons très bien traiter, rassure le Dr Olivier Clerc, elle n’est pas résistante aux antibiotiques et les critères diagnostiques sont très clairs. Après un traitement de deux semaines en moyenne – 3 mois dans les cas exceptionnels – les patients sont guéris».

A l’échelle suisse, on enregistre une trentaine de cas d’encéphalites à tiques et entre 1800 et 2000 cas de borrélioses par an. Au début avril de cette année, l’OFSP recensait déjà 1100 cas de borrélioses de Lyme aigus, selon des estimations extrapolées du système Sentinella.

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