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Roth a su tenir la barque

Le Valaisan Jean-Pierre Roth quitte la présidence de la Banque nationale suisse (BNS). Bilan de son mandat.

30 déc. 2009, 04:15

Après avoir œuvré la moitié de sa vie à son service, dont neuf ans à la présidence, Jean-Pierre Roth quitte la Banque nationale suisse (BNS). Artisan d'une politique monétaire plus transparente, le Valaisan a accompagné avec maîtrise la sortie de la crise financière.

Deuxième président romand depuis la fondation de la BNS en 1907, après le Vaudois Pierre Languetin dans les années 1980, Jean-Pierre Roth a probablement joué un rôle important dans le changement radical de politique monétaire, relèvent les économistes.

De manière globale, l'originaire de Saxon a apporté une bonne dose de pragmatisme à la politique de la BNS, estime Bernard Lambert, économiste à la Banque Pictet & Cie. L'institut d'émission s'est montré moins dogmatique en matière de masse monétaire.

La nouvelle méthode a gagné en transparence, du fait que l'inflation et le taux Libor à trois mois, instrument principal de la politique monétaire de la BNS, sont aisément observables. Un pragmatisme que Jean-Pierre Roth a mis en œuvre à de multiples reprises.

Après l'introduction de l'euro en 1999, un nouveau défi s'est présenté après les attentats du 11 septembre 2001. La BNS doit alors rapidement assouplir sa politique. L'institut contrecarre le danger d'un raffermissement du franc. Un thème des taux de change particulièrement sensible pour l'industrie d'exportation et pour lequel Jean-Pierre Roth manifestera une préoccupation constante.

Suivront plusieurs années durant lesquelles la BNS aura ramené ses taux proches de zéro. Par la suite, la banque centrale devra ramener ces derniers dans une zone compatible avec l'exigence de stabilité des prix. Mais l'épreuve principale débute à l'été 2008 avec la crise financière.

Là aussi, la BNS agit rapidement et avec souplesse. Alors que le marché interbancaire s'assèche, l'institut doit innover pour arroser abondamment le marché en liquidités. Afin de répondre à une extraordinaire demande des pays d'Europe de l'Est pour des francs, la BNS multiplie les accords d'échange de devises avec la Banque centrale européenne (BCE).

Autre conséquence de la tempête, la banque centrale suisse doit lancer dans l'urgence avec la Confédération un plan de soutien à l'UBS sur le point de sombrer sous le poids de ses actifs illiquides. La BNS crée un fonds qui permet au numéro un bancaire helvétique de se défaire d'une partie non négligeable de ses avoirs toxiques.

L'action du Valaisan recueille les éloges de l'Association suisse des banquiers (ASB) et d'economiesuisse. «Elle a contribué à assurer la stabilité systémique de la place financière suisse», confie le porte-parole de l'ASB, James Nason.

Economiesuisse a salué une politique très professionnelle dans une période troublée. Avec Jean-Pierre Roth à sa tête, la BNS a su prendre des décisions rapides et courageuses face à des difficultés énormes.

Dans ses derniers discours, Jean-Pierre Roth - une personnalité discrète et sobre - n'a pas manqué de souligner le travail d'équipe du directoire de la BNS, dont le président n'est «que le primus inter pares». Celui-ci a précisé ne pas vouloir écrire ses mémoires, quittant sa fonction avec la maxime «servir et disparaître». /VJE-ats

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