Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Deux étudiants face au numérique

Militants dans deux formations concurrentes, le jeune socialiste Romain Dubois et le jeune PLR Nicolas Jutzet s'opposent quant à leur vision de la société numérique, mais se retrouvent dans un appel à leurs aînés à agir politiquement.

01 sept. 2017, 18:44
/ Màj. le 02 sept. 2017 à 08:00
Romain Dubois (à gauche) et Nicolas Jutzet (à droite), débattent de la formation à l'ère de la digitalisation

Comment les jeunes qui ont grandi avec internet vivent-ils la digitalisation de plus en plus poussée de  de l’économie ? Faut-il apprendre aux enfants le code informatique ? Taxer les robots? Nous avons fait converser deux étudiants impliqués dans la vie politique. Des «digital natives» qui voient tous deux les transformations que la digitalisation impose à la société. Constat commun: leurs ainés n’ont pas pris la mesure du phénomène et la Suisse prend du retard. Romain Dubois, 22 ans, président de la jeunesse socialiste neuchâteloise, et Nicolas Jutzet, 21 ans, vice-président des jeunes PLR, croisent le fer.

L’enseignement de l’informatique est-il sufisant dans les écoles en Suisse romande?
Nicolas Jutzet:
Moi qui étudie en Suisse alémanique, je vois que la question de l’informatique y est prise au sérieux. Il faut l’intégrer dans les programmes de manière  plus volontaire! Aujourd’hui, un bon enseignement dans ce domaine est très tributaire de la bonne volonté des enseignants. Il ne s’agit pas seulement de savoir coder. L’informatique est aussi un moyen d’apprendre à réfléchir. 

Romain Dubois: Je partage l’idée qu’il faut aller plus loin que  les cours de codage. L’enseignement des maths contribue déjà à apprendre à penser de manière rationnelle. Mais la stratégie numérique fédérale n’est pas assez ambitieuse. La digitalisation s’impose à nous. Alors oui, elle permet d’espérer des améliorations dans des domaines comme la médecine ou la science. Mais ces évolutions mettent à mal certaines législations, qu’il faut adapter pour ne pas voir les protections prévues par le droit du travail disparaitre. 

NJ Chez Uber,les chauffeurs récupèrent 75% des bénéfices de leur activité. Il n’y a pas beaucoup d’entreprises où cela est possible!

RD Mais ils ne cotisent pas aux assurances sociales. Il  y a disparition du filet social. 

NJ Ne voyons pas seulement les aspects négatifs. Les taxis ont bénéficié pendant des décennies d’un marché protégé en pratiquant des prix trop élevés. Derrière Uber, il y a une autre idée de la mobilité, je suis convaincu que cela peut avoir des répercussions sur le trafic et les bouchons. 

RD Je suis d’accord, la nouvelle économie offre de nombreuses solutions à des défis d’aujourd’hui, l’environnement en fait partie. Mais il faut faire évoluer la législation et veiller à ce que chaque citoyen puisse participer à la définition de ce cadre légal. 
La crainte de voir le travail disparitre est-elle fondée?

NJ Non, je pense au contraire que les gains de productivité provoqués par la digitalisation vont permettre de rapatrier des emplois de l’étranger. Par ailleurs je pense que nous allons manquer de main-d’œuvre qualifiée, car les baby-boomers vont massivement partir à la retraite. 

RD Je comprends qu’on puisse avoir peur de voir disparaitre des postes de travail, mais il faut reconnaitre que chaque grande évolution technique a entrainé la même crainte, souvent infondée. Par contre, les gains de productivité que permettent la digitalisation doivent être partagés entre tous. 

Comment? En taxant les robots? 

RD Le fait de produire plus en travaillant moins devrait nous faire réfléchir à la baisse du temps de travail. Taxer les robots poserait en effet quelques problèmes. mais je suis prêt à l’imaginer comme une mesure transitoire permettant d’installer une nouvelle organisation de l’économie.

NJ Non! Il ne s’agirait que d’une taxe suplémentaire sur un capital déjà imposé. AirBnB et Uber montrent que la digitalisation permet de mettre fin à des rentes de situation. Dans ce sens-là, elle est un phénomène redistributif. 

RD Je ne crois pas. Avec les ordinateurs et les smartphones, nous sommes sans arrêt connectés à notre bureau. Le travail s’étend et envahit la sphère privée, mais une bonne part de cette évolution ne se voit pas dans les statistiques.  

Faut-il à nouveau réfléchir à un revenu de base inconditionnel comme le proposait une initiative récente que le peuple a refusé ?

RD Je serais plutôt favorable à un tel principe, mais un changement aussi important du mode de fonctionnement de l’économie aurait des répercussions sur tout le système. Il faudrait pouvoir observer une situation réelle avant d’en tirer des conclusions. 

NJ  Il n’est pas exclu que remplacer toute les assurances sociales par un revenu inconditionnel permette de fluidifier l’organisation de l’Etat, dans le sens de diminuer la bureaucratie. Mais un tel revenu ne devrait pas être suffisant pour constituer une incitation à ne pas travailler. 

Doit-on revoir le rapport au travail?

NJ Il faut un changement culturel qui favorise l’entreprenariat. Je suis inquiet du fait que selon une enquête, seuls 40% des Suisses estiment qu’entreprendre est un bon moyen pour réussir sa vie professionnelle. La digitalisation va débureaucratiser les entreprises, et on verra apparaitre plus de petites structures, et un fonctionnement plus horizontal. 
RD L’entreprenariat, ça ne convient pas à tout le monde. Et si vraiment les entreprises sont plus horizontales, il faudrait que les écarts entre salaires suivent.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias